C’est la mode, par les temps qui courent en RD Congo. Des opposants sans envergure se tapent qui, un incident avec les services de sécurité, qui un accident de circulation présenté comme un attentat. Tout est bon pour s’offrir un peu de publicité, de préférence au détriment du régime au pouvoir à Kinshasa.
Le dernier à s’offrir ce type de publicité né sous la période de fin de règne du Maréchal Mobutu est Freddy Matungulu. Rentré au pays dans l’anonymat le plus complet il y a quelques mois, cet ancien ministre des Finances révoqué par Joseph Kabila au début des années 2000 n’a rien trouvé de mieux que se déclarer opposant, avec un petit parti politique aux contours tribaux manifestes, « Congo na Biso ».
Sur son compte Tweeter, Freddy Matungulu a annoncé qu’il avait « échappé à un enlèvement mercredi 16 mars 2016 ». Le Tweet est assorti de la photo d’une jeep qui appartiendrait aux présumés ravisseurs. C’est aussi simple que ça, le reste coule comme de source : dans les médias, les commentaires vont bon train : l’ancien argentier révoqué serait tellement gênant pour le pouvoir qu’on a voulu le mettre hors d’état de nuire ; la tentative d’enlèvement de Freddy Matungulu s’inscrit dans la vague des craintes exprimées par la communauté internationale et de la société civile sur les restrictions des libertés individuelles, etc.
Mais la question qu’on est en droit de se poser est celle de savoir si Freddy Matungulu vaut tant d’attentions. Il y a lieu d’en douter, sérieusement. L’homme ne vaut politiquement rien, assure au Maximum un Yansi, sa tribu d’origine : il n’est même pas évident qu’il soit capable de décrocher le plus petit mandat électoral même local.
L’hypothèse de l’enlèvement mis en avant par l’ancien ministre des finances ne tient pas non plus la route. Elle repose sur un postulat qui ne résiste pas au plus petit examen : c’est l’idée de ravisseurs tellement maladroits qu’ils ratent toujours leurs victimes. Du déjà entendu, du déjà vu, sous le mobutisme finissant. Lorsque pour être estampillé opposant à la dictature du Maréchal, il fallait échapper à un plasticage à sa résidence. A l’époque, chacun y allait de son plasticage : Christophe Lutundula a dû son poste de 1er Vice-Président du Haut Conseil de la République – Parlement de Transition à une fausse « attaque à la grenade » qui n’a fait qu’abîmer ses chaussures. Comme si l’armée de Mobutu qui n’était composée que d’aveugles, les forces de sécurité actuelle ne sont que des minables rateurs de cibles. On se demande comment ils ont infligé une défaite aux terroristes du M23 et à leurs alliés étrangers…
J.N.