Il a abondamment plu sur Kinshasa le samedi 5 mars 2016, date retenue pour le culte œcuménique dédié au Dialogue et à la Paix en RDC. La veille, le 4 mars, l’Hôtel de ville a diffusé un communiqué avertissant les Kinois résidant le long des rivières, les zones réputées marécageuses et les sites érosifs d’évacuer ces endroits pour risques d’inondation et d’éboulement. Le 3 mars 2016, Rfi a publié la dépêche intitulée «Inondations en RDC : le gouvernement et les Nations Unies se disent mobilisés». Il en ressort qu’après cinq mois d’inondations, le bilan est lourd : «Plus de 500.000 personnes impactées, des dizaines de milliers de maisons endommagées ou détruites. 11 des 26 provinces du pays ont été touchées depuis octobre et les prévisions météorologiques ne sont pas bonnes, selon les Nations unies. En cause, le phénomène El Niño ». Peut-on alors un seul instant croire que Dieu – dont les sentences sont justes – ait décidé de sanctionner indistinctement son peuple de Kinshasa à cause d’un culte, fut-il « contesté » par la Cenco ? Après tout, les Catholiques n’ont pas été épargnés, eux aussi, par les dégâts collatéraux des dernières pluies diluviennes. Ils en auront souffert comme les croyants et les non croyants…
En quoi alors cette pluie est-elle, pour paraphraser Emery Okundji, «…un signe divin de désaveu pour ceux qui se cachent derrière Dieu», alors qu’on n’a enregistré aucun mort ni blessé au stade des Martyrs – lieu où s’est tenu le culte – encore moins dans ses alentours, pendant que de dégâts importants en termes humains et matériels ont été enregistrés justement aux lieux épinglés par les autorités urbaines ?
Unique élu Fonus devant l’Eternel, dont le parti est membre de la «Dynamique» affichée de l’Opposition radicale, Emery Okundji a renchéri : « Ce qui est lié au ciel est aussi lié sur terre. La prière ‘Notre père’ en dit long. Et, la voix du peuple, c’est la voix de Dieu. Le contrat qui nous lie à la RDC, c’est aussi la volonté du ciel. Lorsque vous appelez les gens à une prière réelle de protection, de bénédiction pour le pays, Dieu l’exaucera. Mais lorsque vous vous cachez derrière des motivations politiques, la sanction tombe parce qu’il s’agit d’un Dieu juste».
L’élu de Lubefu au Sankuru rendra sans doute compte de sa déclaration devant la Justice immanente.
Ce qui est au moins à retenir, c’est que l’opinion a été sérieusement préparée au boycott du culte. A preuve, la veille du rendez-vous, les titres du genre : «Flop du meeting pro Dialogue au stade des martyrs : Marini et cie désavoués par les kinois», «Prier pour la RDC : oui, mais non au ‘glissement’! », « Instrumentalisées : Les Églises de réveil en croisade contre la Constitution », etc.
A preuve encore, après le rendez-vous du samedi 5 mars 2016, les titres du genre : «Un mauvais virage – Eglises du réveil contre Eglise catholique : une initiative dangereuse du pouvoir», «Union de prière pour la paix. RDC : les confessions religieuses choisissent le camp du dialogue !», «RDC : L’argent contre l’évangile», «La pluie, alliée de l’opposition ?».
Une chose est vraie : Kinshasa a été sous les eaux, et la saison est effectivement pluvieuse.
Sans maîtrise, mais avec mépris
Au-delà du débat stérile sur la bénédiction ou la malédiction divine, la question à se poser est celle de savoir si Dieu a tellement voulu frapper les confessions religieuses ayant répondu OUI à la Dédicace de la RDC à Lui-même qu’en même temps il a frappé indistinctement les pro et les anti-Dialogue, mieux les pro et anti-culte œcuménique, victimes affichées des effets normaux d’une pluie diluvienne. Car, après tout, celle-ci a gâché aussi les rencontres privées, organisées ici pour un mariage, là pour une veillée mortuaire sinon un enterrement, que les rencontres officielles. Pendant que l’on fait du stade des Martyrs une fixation, on semble oublier que des Kinois ont sérieusement souffert pour se déplacer d’un coin à un autre en raison des difficultés de transport.
Ainsi, si l’on doit s’en référer à Emery Okundji et à tous ceux qui sont de son avis, Dieu a décidé de maltraiter ce jour-là les Kinois, quelles que soient leurs opinions et leurs convictions politiques, religieuses etc.
Encore qu’aucun esprit lucide ne soutiendra que les Kinois de confession catholique étaient, ce samedi-là, à l’aise. Ils se sont retrouvés, eux aussi, sous les eaux.
A dire vrai, les voies de Dieu étant insondables, seuls les incrédules peuvent prêter à l’Eternel leurs intentions «animales». Les Chrétiens – qu’ils soient catholiques, protestants, kimbanguistes ou salutistes, qu’ils appartiennent aux Eglises dites Indépendantes ou de Réveil – savent qu’en Esaïe 55 :8-9, l’Eternel dit : «Car mes pensées ne sont pas vos pensées, Et vos voies ne sont pas mes voies (…). Autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre, Autant mes voies sont élevées au-dessus de vos voies, Et mes pensées au-dessus de vos pensées».
Dans cette logique, si le Dialogue est dans le Plan de Dieu, il se réalisera impérativement. S’il ne l’est pas, il ne se tiendra pas. De même que si une nouvelle « Transition » est dans le Plan de Dieu, elle s’enclenchera. Si elle n’y est pas, elle ne s’instaurera jamais. Dieu dit en Psaumes 127:1 « Si l’Eternel ne bâtit la maison, Ceux qui la bâtissent travaillent en vain ; Si l’Eternel ne garde la ville, Celui qui la garde veille en vain ».
En d’autres termes, la sagesse recommande de ne pas se substituer à Dieu qui, en Jésus-Christ, est le seul maître des temps et des circonstances. Déjà, les Chrétiens savent en eux-mêmes que « C’est une chose terrible de tomber entre les mains du Dieu vivant ». (Hébreux 10:31).
Il est donc imprudent de condamner ce que Dieu ne condamne pas, et de ne pas condamner ce que Dieu condamne. Ceci, pour dissuader la confrérie qui, elle aussi prend radicalement et crânement position dans des matières spirituelles sur lesquelles elle n’a aucune maîtrise, surtout quand elle les cultive sur fond de mépris.
LE MAXIMUM AVEC OMER NSONGO DL