Cela s’est passé aux petites heures du matin, au cours d’une des sessions d’informations africaines de la chaîne publique Française, RFI, le 21 février 2016. Interrogé au sujet des échanges initiés par le bureau de la CENI avec la classe politique, Joseph Olenghankoy est monté sur ses gonds, déclarant urbi et orbi que la date des élections était fixée par ce texte fondamental. Une parfaite aberration, qui révèle que le président des Fonus se trompe lourdement d’époque.
« Jeff », comme aiment à l’appeler ses proches, c’est ce jeune turc révélé à l’opinion nationale durant la période de la conférence nationale souveraine des années ’90 et les événements, pas toujours heureux, qui émaillèrent cet épisode de l’histoire de la démocratisation de la RD Congo. La seule spécialité qu’on lui eût connu, c’est l’agitation politique : convocation villes mortes, grèves, etc. D’idées politiques, on ne lui en connaît guère, en dehors des notions de changement et contestation pacifique, chères à son mentor Etienne Tshisekedi, à l’époque.
En fait, le jeune homme tetela qui débarque à Kinshasa à la fin des années ’80 n’avait pour lui que d’encourageantes notions de menuiserie acquises à l’Institut St Kizito de Katako-Kombe au Sankuru. Impressionnés par l’habileté manuelle du jeune Olenghankoy, les frères de la passion, gestionnaires de l’Institut Kizito, décidèrent d’investir en lui. En lui faisant suivre une formation plus consistance chez leurs collègues des Ecoles Chrétiennes à Kinshasa.
Arrivé dans la bouillante capitale zaïroise durant cette période politique plutôt agitée, le jeune Joseph ne tarda pas à dédaigner les senteurs envahissantes de la cire. Il prît son courage à deux mains et se rendit dans l’ancienne province du Bandundu. A Bukanga Lonzo, la localité où est implanté le Parc Agro industriel du même nom. Un institut secondaire y organisait tant que mal une filière agricole. « Jeef » s’y engouffra et décrocha un diplôme d’Etat.
Pour le reste, les faits d’arme du jeune turc sont connus. A la Conférence Nationale Souveraine, c’est lui qui décréta que Kengo wa Dondo était un étranger. L’affaire fit grand bruit, et « Jeef », le héros de l’opposition, auréolé de quelque succès somme toute éphémère, parce que Léon Kengo est bien là qui trône au sénat de la République. Tout le contraire de « Jeef », qui ronge rageusement son frein au chômage politique.
A propos de chômage, il y a quelques mois, le président des Fonus failli connaître une trêve soulageante. Au cours et à l’issue des concertations du Palais du Peuple dont est issu le dernier gouvernement Matata. L’homme a joué des pieds et des mains pour se faire caser quelque part, sans succès. C’est ainsi qu’il a réintégré les rangs d’une certaine opposition politique, au lendemain de la publication de la dernière équipe Matata.
Le porte-parole de la dynamique de l’opposition a déjà été aux affaires, pourtant. Olenghankoy, c’est tout de même cet ancien ministre des transports sous Kabila Père, qui privatisa des bus acquis au nom de la ville de Kinshasa. Des guimbardes d’occasion qui ne tardèrent pas à rendre l’âme, d’ailleurs.
Cet acteur politique formé à l’école de l’opposition dite radicale en RD Congo qui clamait la présence de la date de la prochaine présidentielle dans le texte constitutionnel est donc le même qui vendait ses rêves politiques au début de la période de démocratisation mobutiste, dans les années ’90.
J.N.