C’est Alexis Thambwe Mwamba, le ministre Matata de la justice, qui l’a annoncé jeudi 18 février 2016 : « j’ai donné injonction à l’auditeur général pour envoyer trois magistrats militaires pour enquêter sur place en vue de poursuites » … « Les formalités sont en cours pour le voyage », a expliqué le plénipotentiaire rd congolais à l’Afp, en réaction à un communiqué rendu public mardi dernier par l’ONU, qui accuse des casques bleus originaires de la RD Congo d’agressions sexuelles sur 4 enfants d’un camp de déplacés en RCA. Le même mardi, la RD Congo avait été saisie par les Nations-Unies des faits reprochés à ses troupes. Selon la procédure onusienne, le gouvernement disposait de 10 jours pour entreprendre sa propre enquête, faute de quoi l’ONU s’en chargerait.
Ce n’est pas la première fois que des accusations d’abus sexuels sont portées à l’encontre des troupes rd congolaises en République Centrafricaine. En novembre dernier, cinq soldats du contingent de la RD Congo au sein de la Minusca avaient été accusés d’agressions sexuelles contre cinq femmes, après que quelques mois plus tôt, trois Casques bleus congolais eurent été accusés d’avoir violé trois jeunes femmes dont une mineure. Mais les enquêtes diligentées par les autorités judiciaires de la RD Congo ont abouti à un non-lieu : les prétendues victimes de viol ayant nié avoir été abusées par des militaires Fardc, qu’il n’a jamais été possible d’identifier individuellement du reste. Pire, il s’est avéré, selon les résultats de l’enquête confirmés par les deux parties (ONU-FARDC) que la préposée aux droits de l’homme de l’ONU en RCA, qui avait porté les accusations contre les Fardc, n’avait pas suivi les procédures internes d’enquêtes, telles que définies par l’ONU. Mais aussi, qu’elle avait promis de l’argent aux victimes si elles consentaient à accuser les soldats congolais.
Il n’en demeure pas moins que à la suite des nombreux cas d’agressions sexuelles présumées signalées dans la Minusca, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, avait limogé son représentant en RCA en août 2015 et nommé une commission d’experts. Celle-ci avait conclu à de graves dysfonctionnements dans la manière dont l’ONU avait géré ces affaires.
Par la suite, l’ONU a annoncé, début janvier, se séparer de l’ensemble des Casques bleus des Forces armées de la RDC (FARDC) au sein de la Minusca en estimant que les troupes congolaises “ne [répondaient] que partiellement aux exigences de l’ONU en matière d’équipement, de contrôle du recrutement et de niveau de préparation au combat“. Argument douteux, quand on sait que le secteur de Bambari confié au contingent Fardc n’a enregistré aucun dysfonctionnement sécuritaire particulier. Les populations Centrafricaines, émues de cette décision manifestement fantaisiste, s’en sont plaintes.
Le gros des troupes est rentré en janvier en RDC. Les derniers éléments doivent être rapatriés sous peu, rapporte l’Afp.
J.N.