En RD Congo, le processus électoral a démarré par la volonté du gouvernement qui a décaissé un premier acompte de quelque 22 millions USD. Pour l’année 2016, ce sont bien quelque 300 millions que le gouvernement s’est engagé à libérer pour permettre la poursuite sans encombre du processus de démocratisation enclenché voici 10 ans. Comme d’habitude, la RD Congo a fait appel à l’aide de la communauté internationale pour lui permettre d’atteindre ses objectifs. Une vingtaine d’experts a bien été mise à la disposition de l’administration électorale par l’USAID, l’Union Européenne, etc. Mais de sous, personne n’en a décaissé le moindre centime. C’est à peine si les USA de Barack Obama ont promis une contribution de 20 millions sur le 1.200.000.000 usd que nécessite le processus électoral. Soit, une goutte d’eau dans l’océan.
Mais cet état de choses, tout en promesses, n’a pas empêché un parlementaire US, le sénateur Edward J. Markey, de verser dans de conjectures menaçantes et apocalyptique sur les autorités de la RD Congo, dont le Président de la République, Joseph Kabila Kabange.
La pilule n’est pas passée. Lambert Mende Omalanga, ministre de la communication et médias et porte-parole du gouvernement de la RD Congo, donne la réplique au parlementaire US.
Ci-après, les textes de cette réplique, en français et en anglais.
À Monsieur le Sénateur Edward J. Markey
255, Dirksen Senate Office Building
Washington DC 20510 (USA)
Monsieur le Sénateur,
Le but de la présente est de porter à votre attention quelques réflexions sur votre correspondance au Secrétaire d’Etat John Kerry concernant notre pays la République Démocratique du Congo (RDC) assaisonnée de menaces à l’encontre de son Président Joseph Kabila, lesquelles confirment une fois de plus la réputation qu’a ce pays d’être tellement exceptionnel qu’il ne laisse personne indifférent.
En effet, chaque jour qui passe, à partir de l’hémisphère Nord de la planète, divers acteurs étrangers se croient autorisés à s’immiscer dans les affaires intérieures de la RDC et à asséner des injonctions, parfois à tort et à travers, sur ses dirigeants. Ils s’octroient on ne sait trop sur quelle base une « mission civilisatrice », voire un rôle d’inventeurs de destin prêt-à-porter pour un pays qui n’est pas le leur, tandis que d’autres, nostalgiques d’un passé révolu, continuent à considérer la RDC comme le théâtre de la survivance du projet de « colonie de tous » que le rusé roi des Belges Léopold II offrit à ses partenaires occidentaux entre 1885 et 1908.
Comme si vous lisiez les intentions politiques cachées du Président Kabila dans une boule de cristal, après des attaques virulentes contre ce dernier, vous avez, dans le pur style d’un proconsul, annoncé l’apocalypse qui s’abattrait sur lui au cas où vos désirs n’étaient pas satisfaits.
Ironie de l’histoire, vous présentez cette charge musclée contre le Président Kabila et son régime comme le symbole de la grande compassion que vous éprouveriez à l’égard de notre peuple dont manifestement vous ignorez, l’histoire, les réalités et les conditions. En témoignent, votre rengaine sur les thèses d’une certaine opposition extrémiste et somme toute peu représentative de l’opinion des Congolaises et des Congolais ainsi que votre méconnaissance du fait avéré que des contraintes réelles pèsent sur notre processus électoral. Pour votre gouverne ces contraintes sont de divers ordres, notamment :
– législatif : retard dans l’adoption de certaines lois dans les chambres parlementaires,
– technique : vol des kits d’identification électorale pendant la guerre d’agression des dernières années contre notre pays grâce auxquels des réseaux mafieux fabriquent des cartes d’électeurs dans quelques pays voisins,
– logistique et financière : rétrécissement des ressources budgétaires de l’Etat du fait de la chute des cours de nos principales matières premières et insuffisance des moyens proposés par la solidarité internationale. À ce propos, il n’est pas inutile de noter que sur les 1.200.000.000 USD sollicités par la centrale électorale pour le financement du processus, les USA votre pays n’ont promis qu’une contribution de 20.000.000 USD dont personne n’a encore vu jusqu’à ce jour le moindre sou vaillant.
Nous déplorons que sans tenir compte de ces contraintes ni avancer d’autres propositions quant à la participation financière de votre pays audit processus électoral, vous vous limitez au rôle de donneur de leçons et d’oukases et à la préconisation des sanctions contre notre Chef d’Etat sur base de procès d’intentions comme si la RDC était devenue un énième Etat des États Unis d’Amérique.
Par ailleurs, vous seriez plus solidaire des « pauvres congolais qui souffrent tant » en sollicitant des sanctions contre certaines ONGs américaines dont on vient de découvrir qu’elles nourrissent et financent les terroristes des groupes armés, bourreaux des populations de l’Est de la RDC, en commerçant avec eux pour faciliter le blanchiment du fruit de leurs pillages.
Lambert Mende Omalanga
(Ministre de la Communication et Médias,
Porte-Parole du Gouvernement de la RDC)
Kinshasa, 13 February 2016
To Senator Edward J. Markey
255, Dirksen Senate Office Building
Washington DC 20510 (USA)
Dear Senator Markey,
The purpose of this letter is to bring to your attention some reflections about your message to the Secretary of State John Kerry concerning our country the Democratic Republic of the Congo (DRC) seasoned with threats against its President Joseph Kabila, which confirm once more the reputation of this country to be so exceptional that it leaves nobody indifferent.
Each day that goes by, from some western countries, various foreign actors believe themselves to be allowed to interfere in the internal affairs of the DRC and to strike of injunctions, sometimes wrongly, on its leaders. They grant themselves, on unclear basis, a “civilizing mission,” or even a role of inventors of a ready-made destiny for a country which is not their own, while others continue nostalgically to consider the DRC as a theatre for the survival of the “colony of all” project that the cunning Belgians King Leopold II used to cool down its Western rivals ambitions over our land between 1885 and 1908.
As if you were reading the hidden intentions of President Kabila in a crystal ball, you used a virulent and inappropriate “proconsul” style to announce the apocalypse that would befall him in the event where your injunctions were not satisfied.
Taking President Joseph Kabila to stake is brandished as the symbol of great compassion that you claim to have toward the Congolese people which you obviously ignore the history, realities and conditions. Your repetition of politically motivated stories told by some extremists that are not even representative of the opposition opinion, as well as your lack of data concerning the effective constraints to our electoral process are astonishing. For your information, these constraints are of various nature, including :
• Legislative : delay in the adoption of certain laws by the parliamentary chambers,
• Technical : theft of the voter identification kits during the recent M23 war in the Eastern Congo, with which mafia-type networks are printing voter cards in some neighbouring countries,
• Logistical and financial : shrinking of the DRC budgetary resources due to the price drop of its main mineral products and insufficiency of the financial support by the international community. It is not pointless in this regard to note that out of the USD 1,200,000,000 requested by the Electoral Management Body to fund the electoral process, the USA, your country, have pledged to contribute only USD 20,000,000 of which nobody has yet seen a single cent.
It is regrettable that without taking into account these constraints nor making any further pledges regarding the financial participation of your own country to this electoral process, you stick to acting in a schoolmasterly and dictatorship way and prescribing sanctions against our President on the basis of assumptions, not facts as if the DRC had become an umpteenth State of the United States of America.
You would be more supportive of the “poor suffering Congolese people” by seeking sanctions against some American NGOs that have just been caught feeding and funding some terrorists of armed groups like FDLR Rwanda rebels that are daily killing our compatriots of North and South Kivu provinces by trading with them to facilitate the laundering of their lootings.
Lambert Mende Omalanga
(Minister of Communication and Media,
Spokesman of the Government of
the Democratic Republic of the Congo)