Question pour un champion. .. 4 à la suite. Combien d’artères asphaltées compte la ville de Tshikapa ? Où se trouve le siège de la REGIDESO dans la ville? Et celui de la SNEL ? Combien d’immeubles compte la ville ? Répondez chaque fois, aucune, nulle part.
Pourtant, plus de 90 millions des carats ont été tirés du sol de Tshikapa, de 1970 à ce jour, pour une valeur de 10 milliards de dollars, selon les statistiques officielles du ministère des Mines. Tshikapa, premier siège de la future MIBA, alors Forminière, jusqu’en 1968, a hérité d’un patrimoine immobilier de 28 maisons et d’un hôpital général. Tout est en ruine aujourd’hui. Même la centrale hydroélectrique de Lungudi n’est plus qu’un gros machin comme pour rappeler les années de gloire de Tshikapa. Jusque dans les années 1990, le petit aérodrome de la ville recevait une dizaine des rotations de gros cargos russes au quotidien. Aujourd’hui la piste de l’aérodrome est envahie par des herbes sauvages…à l’image de la voirie de Tshikapa. Pas un seul kilomètre de route asphaltée. Les artères qui tiennent encore sont en terres battues mais mal entretenues. La décision du gouvernement de libéraliser l’exploitation artisanale du diamant en 1982 a plutôt entraîné Tshikapa dans un cycle de déscolarisation à tel enseigne que le taux de remplissage des classes des rares écoles de la ville n’était que 10% durant à la fin la décennie 80. Conséquence de la ruée populaire sur les pierres précieuses, les activités agropastorales ont été complètement abandonnées. La famine rudoie telle une pandémie tout Tshikapa, à l’image de toute la région du Grand Kasaï. Une certaine dynamique pour changer le modèle socio-économique de la ville est, à ce jour, entreprise par la mouvance de la société civile locale ainsi que certains acteurs politiques et opérateurs économiques : investir l’argent du diamant dans les secteurs secondaires et tertiaires. Hélas, le diamant n’est pas éternel. Tshikapa est à sec…quasiment. De l’avis de certains diamantaires, mieux vaut aller dans les carrières de Bandundu, à Kahemba, qu’espérer trouver un diamant de valeur à Tshikapa. Difficile d’admettre que Tshikapa ait été longtemps qualifié de capitale mondiale du diamant. Ce sont en fait les gemmes sorties de Tshikapa qui ont longtemps fait de l’ancien Zaïre premier producteur mondial du diamant. Ce n’est plus que du jadis.
Selon les réserves minières certifiées, après plus d’un siècle d’extraction principalement dans la région du Kasaï, les réserves du diamant sont à ce jour évaluées à 145 millions de carats. Si la production était portée à 17 millions de carats l’an comme envisagée, dans les 10 prochaines années, tout sera épuisé. Signe prémonitoire, la principale entreprise diamantifère de la RDC, la MIBA est à ce jour contrainte de casser de la roche kimberlitique dans l’espoir d’y trouver du diamant. Le diamant n’aura rapporté que du menu fretin au Kasaï. Nous y reviendrons.
POLD LEVI