Quel lien de cause à effet peut-on établir entre, d’une part, la célébration de chacune des victoires des Léopards lors de la dernière édition Chan/Rwanda 2016 et, de l’autre, le rappel au Président de la République de l’échéance 2016 ? Logiquement, aucune. Effectivement, tout esprit lucide et rationnel ne le trouve pas dans la mesure où c’est l’armée sportive rdcongolaise qui se trouvait au front, et encore dans une région des Grands Lacs en proie à une crise de coexistence. Moralité : au travers du cri « Yebela », ses initiateurs ou ses lanceurs (c’est du pareil au même) ont agi exactement comme ces groupes armés congolais qui sont contents lorsque les Fardc ont des problèmes sur le terrain, donc mécontents lorsqu’elles sont en position de force…
Figurons-nous un seul instant que les Léopards aient perdu et manqué le trophée en finale, en demi-finale, en quart de finale ou en huitième de finale à Kigali. Figurons-nous encore qu’ils aient perdu face aux Rwandais ! Que se serait-il produit au pays, à commencer par Kinshasa ? Probablement qu’on serait de plain-pied dans le soulèvement à la burkinabé. Et cela relèverait malheureusement de la logique.
Seulement voilà : le Onze national a réalisé l’exploit de battre et d’abattre l’Ethiopie, l’Angola, le Rwanda, la Guinée et le Mali, perdant au quart de finale le match contre le Cameroun. Les Léopards ont remporté le trophée mis en jeu au Championnat d’Afrique des Nations pour joueurs évoluant au pays.
Normalement, tout Congolais de n’importe quel coin du pays et du monde devait ou devrait s’en réjouir. Hélas !, il s’en est trouvé quelques-uns à se sentir frustrés non seulement en criant « Yebela », mais en plus, et surtout, en cassant des biens appartenant aux privés et l’Etat. Un média français a même fait état des provocations des « civils » à l’endroit des policiers.
Aucun observateur averti de la scène politique congolaise ne peut, de toutes les façons, croire un seul instant dans un mouvement spontané. Les casseurs ont été instrumentalisés par des acteurs politiques dont on peut deviner l’obédience.
Aucun analyste lucide ne peut plus croire dans une initiative boutiquée par des Kabilistes. Une sorte de coup fourré.
Par contre, le modus operandi suggère un coup émanant de l’opposition, et cela après l’échec cuisant de la commémoration, en janvier 2016, des événements de janvier 2015, tout comme dans la perspective de l’échec, annoncé, de la célébration du 24° anniversaire de la Marche des Chrétiens.
Illogique
D’ailleurs, pour s’en convaincre, il suffit de constater la récupération politicienne de la finale du Chan. Des acteurs politiques jusque-là silencieux ont attendu cette ultime étape de la compétition organisée en terre rwandaise, qui a opposé les Léopards de la RDC et aux Aigles du Mali, pour se rapprocher de l’homme de la rue. Alors qu’ils étaient restés muets à l’occasion des victoires face à l’Ethiopie et à l’Angola. Lorsque les Onze national se sont laissé battre par le Cameroun, on ne les ni vu, ni entendus. Même lorsque les Léopards ont éliminé le Rwanda puis la Guinée, on les a à peine entendus.
Ce n’est que la veille du match décisif contre le Mali, qu’ils se sont mis à squatter les réseaux sociaux, signalant leur présence à Kigali (ils mettent même des photos sur Facebook) et avant de jouer des pieds et des mains pour se faire voir des caméras de télévision chargées de couvrir l’événement. D’autres opposants, sans doute moins nantis, se sont contentés de s’autophotographier et de poster leur présence au Stade Amahoro de Kigali sur les réseaux sociaux.
Les dégâts ? Il y en a eu. Cas de cette photo d’Eve Bazaïba singeant Kidiaba ! Une com’ d’une extrême insipidité. Cette dame est tout de même secrétaire générale du parti de Jean-Pierre Bemba, le Mlc. Elle a été sénatrice sous le quinquennat « 2006-2011 » et député national sous le quinquennat en cours. C’est une honorable. On imagine seulement ce qu’elle aurait fait si elle était présente à Kigali ! Et c’est cela, l’image que la classe politique congolaise projette à l’étranger ! A Kigali, effectivement, on voit même dans les tribunes un Kamerhe « prêt » à danser « Ya Mado », brandissant le V de la victoire !
Qu’advient-il, finalement, d’une société donnée lorsque ses leaders se livrent en spectacle, comme on le constate ? Il arrive exactement ce qui se constate dans les rues de Kinshasa avec « Yebela » : l’illogique se substitue à la logique. Constatons seulement que ceux des acteurs à la base de ce cri ont disparu de la circulation pendant que les jeunes stipendiés marchaient dans la ville.
Ils ont certainement réalisé combien est à la fois dégradante et déshonorante la contre-manif dans des rues kinoises exubérantes, puisque qu’heureuses de la victoire des Léopards…
LE MAXIMUM AVEC OMER SONGO D.L.