Le spectacle était surréaliste. Deux éclairs de génie du jeune Meschak Elia et une somptueuse frappe croisée de Jonathan Bolingi ont scellé le triomphe des fauves rd congolais au stade Amahoro de Kigali. Score, assez inédit pour une partie de ce niveau : 3 buts à 0. La RDC a étalé sa suprématie sur le football Africain authentique, celui des athlètes évoluant au pays, avec des moyens du bord. Les Léopards ont assumé jusqu’au bout le statut de favori du CHAN 2016, que d’aucuns ont voulu leur contester.
De prime abord, le pays hôte de la phase finale de la compétition qui a pris fin dimanche 7 février 2016, le Rwanda, n’était pas la meilleure destination pour les RD Congolais. La seule évocation du nom de ce pays voisin réveille dans le subconscient de chaque rd congolais les souvenirs macabres des morts gratuites causées par la guerre imposée au pays de Patrice Emery Lumumba par des puissances étrangères via Kigali. Il y avait comme une revanche à prendre : retourner les humiliations des rd congolais d’où elles sont venues.
Après une phase de poule tranquille au cours de la finale du CHAN 2016, la sélection de la RD Congo a subi un véritable calvaire en quarts de finale. Le match contre le pays hôte avait tout d’une guerre d’une guerre de tranchées. En témoigne cet acharnement de 3 joueurs rwandais sur le genou du jeune Héritier Luvumbu sous le regard complaisant de l’arbitre du match. Les jeunes « soldats balle aux pieds » ont, naturellement, dû aussi faire face à l’hostilité du public largement acquis à la cause de sa sélection nationale. Mais malgré tout, les Léopards se sont transcendés pour ne faire parler que leur talent et leur héroïsme en s’imposant dans les dernières minutes des prolongations. A partir de ce moment, plus rien ne pouvait arrêter nos ambassadeurs au Rwanda, devenu pour la circonstance la 27ème province du pays de Joseph Kabila.
A vaincre sans périls, on triomphe sans gloire. La sélection nationale s’est faite peur en demi-finale. RD Congo – Guinée fut un match interdit aux cardiaques. Alors que tout avait basculé en faveur des Léopards grâce au but magistral de Jonathan Bolingi sur un centre de Guy Lusadisu, le Guinéens sont revenus à marque à la toute dernière seconde des prolongations. Le public congolais qui s’apprêtait à faire la fête sera astreint à une longue séance de tirs au but à rebondissement. Finalement, au bout du bout, grâce au génie du gardien de but Ley Vumi Matampi qui arrêtera net le dernier tir Guinéens, les portes de la finale seront ouvertes aux compatriotes de Simon Kimbangu. Cette désormais magique finale qui verra l’assomption du football Congolais au plus haut firmament africain.
Que faut-il alors retenir de l’épopée Rwandaise des Léopards. Tout est dans ce symbole : « Paul Kagame qui remet le trophée au capitaine Joël Kimwaki ». L’homme fort du pays de milles collines n’aura sans doute manqué de se dire : « j’ai tout fait avec l’aide des puissants de ce monde pour balkaniser, émasculer la RDC, mais hélas, je dois admettre que j’ai échoué car ces congolais ne sont pas n’importe quel peuple ». Paul Kagame n’aurait pas tort de se convaincre de cette évidence sempiternelle, en fin de comptes macabres. Le triomphe de notre 11 national sous ses yeux participe d’une dynamique imprimée par la gouvernance politique faite de détermination de Joseph Kabila. Face à l’hostilité manifeste d’Etats voisins, l’homme a choisi d’œuvrer prioritairement à remettre son pays debout, avant tout. Les premiers résultats de cette politique se sont étalés dimanche dernier à Kigali au terme du match de finale du CHAN entre la RD Congo et le Mali. Pour paraphraser un certain Hamadou Kourouma, en RD Congo, il a fallu «transformer les paramètres de pauvreté et d’antivaleurs en chantiers de prospérité et de suprématie régionale », tel est le pari que Joseph Kabila vient de gagner avec la victoire des Léopards.
André LITE ASEBEA