C’est de l’Assemblée nationale qu’est partie, à la suite d’un débat sur un site maraîcher de Kingabwa, la rumeur selon laquelle le Palais du Peuple n’était pas couvert par un titre de propriété quelconque, singulièrement, le précieux certificat d’enregistrement censé consacrer l’inviolabilité du site au bout de deux ans. Ni le président du Sénat, Léon Kengo, ni celui de l’Assemblée nationale, Aubin Minaku, n’ont daigné rassurer l’opinion quant à ce. Au nom du ministre des ITPR (Fridolin Kasweshi), l’Agence congolaise de grands travaux envisage d’ouvrir l’esplanade du Palais du Peuple à… de tierces constructions.
Il sied de rappeler que la réfection de l’esplanade du Palais du peuple, à l’occasion de la tenue du XIVème sommet de la Francophonie en 2012, a coûté une bagatelle somme de 24 millions de dollars. Soit autant que l’Etat avait dépense pour la construction du stade Kamanyola devenu des Martyrs. Tant pis pour personne.
Le siège des institutions publiques désacralisé
L’Agence congolaise de grands travaux cherche, en effet, un investisseur, une société sinon un consortium à même de financer, d’assurer la mise en œuvre, la gestion et l’exploitation du projet d’aménagement de l’esplanade du Palais du Peuple dans le cadre d’un partenariat public privé. En clair, il s’agit d’un chapelet des constructions qui finira par désacraliser le Palais du Peuple, siège de principales institutions politiques de l’Etat. Même le Chef de l’Etat avait installé ses bureaux au Palais, voilà quelques années.
Selon le projet de l’Agence congolaise de grands travaux, quelque 136 magasins, un hôtel 5 étoiles de 6 niveaux avec 141 chambres dont 93 chambres standards , 45 chambres de luxe, 3 suites VIP et un parc de jeux de 600 places pousseront devant le Palais, sur l’esplanade. Le projet prévoit également l’aménagement d’un point de consommation ainsi que l’immeuble de l’Hôtel de ville de Kinshasa. Dans l’entre-temps, les travaux de l’extension de l’Hôtel de ville – confiés à COVEC, China Overseas Engineering group Company, qui se dénomme en français Société générale d’ingénierie d’Outre-mer de Chine – se poursuivent sans relâche. Le Gouv André Kimbuta a, pour ce, engagé près de USD 6 millions, nettement 5.927.790,66 dollars. En 2011 déjà, un 26 février, le Gouv Kimbuta avait inauguré un bâtiment de 4 étages situé au 1575 sur Colonel Ebeya dans la commune de la Gombe, -qu’il avait désigné comme siège du gouvernorat de Kinshasa.
Trois Hôtels de ville.
A l’occasion, son ministre du Budget – qui détient notamment les portefeuilles du Plan et des Infrastructures, Robert Luzolanu Mavema, rassurait que ledit bâtiment résolvait non seulement le problème de manque de siège mais également celui de la location de bureaux qui coûtait énormément à la ville et entraînait la dispersion des services. Coût des travaux : 3 millions de dollars. Quasiment 10 millions de dollars auront donc été dépensés pour rien…puisque l’Agence congolaise des grands travaux a aligné dans son projet la construction d’un autre «Hôtel de ville» sur l’esplanade du Palais du Peuple. Autres constructions listées dans le projet : l’aménagement d’un parking pour 210 véhicules, la construction d’une troisième fontaine et d’un centre communautaire.
L’Agence congolaise des grands travaux indique que le financement et l’exécution de tous les travaux de constructions indiquées ci-haut, doivent impérativement se réaliser durant une période ne dépassant pas 18 mois. Le preneur, précise une note signée par le directeur général de l’Agence congolaise des grands travaux, Charles Médard Ilunga Mwamba, n’aura à gérer le complexe immobilier que pendant 20 ans, «une période suffisante pour le recouvrement de l’investissement ». Agissant en qualité de maître d’ouvrage délégué du ministère des Infrastructures et Travaux publics, l’Agence congolaise des grands travaux a, en effet, lancé un avis à manifestation d’intérêt en vue du recrutement d’un preneur, en fait du partenaire. La réception des candidatures se clôture le 12 février 2016.
Contrat aux contours flous.
En clair, Charles Médard Ilunga sinon Fridolin Kasweshi se lance dans un contrat BOT, [Build (construire), Operate (gérer), Transfer (rétrocéder)], jusque-là inexistant dans la législation r-dcongolaise. Le 26 janvier dernier, à la suite de la 8ème réunion extraordinaire du Conseil des ministres, le gouvernement a décidé de l’examen urgent par l’exécutif du projet de loi sur le partenariat public – privé notamment sur le BOT, à soumettre au parlement pour adoption. La rentrée parlementaire est programmée pour le 15 mars prochain. Il sied cependant de préciser que l’Etat s’est déjà engagé dans des contrats BOT, notamment sur l’hôtel Karavia avec le groupe Lonrho qui gère le complexe hôtelier de Lubumbashi pour une durée de 15 ans renouvelable. La DGI (Direction générale des impôts) est également en contrat BOT avec une société installée en Allemagne, UTSH, pour la fabrication et la fourniture des plaques minéralogiques (plaques d’immatriculation) pour une durée de 30 ans renouvelable. Selon cet agent de l’administration du Palais du peuple, le projet de l’Agence congolais des grands travaux sur l’esplanade du Palais du Peuple ne serait pas connu de l’une ou l’autre chambre du Parlement.
POLD LEVI.