Un posting signé par les Fonus sur Facebook, dimanche 24 janvier 2016, lève un pan de voile sur le mental du député (le seul que compte le parti politique de Joseph Olengakoy en RD Congo), Emery Okundji. Il parle de l’arrivée à Kinshasa du Commissaire spécial de la toute nouvelle province du Sankuru, le Professeur Berthold Ulungu, en provenance de Lusambo. Il serait, selon cette source, accompagné de deux personnes présentées (par le posting) comme des miliciens, ainsi que deux fusils de chasse leur appartenant. Le parti Fonus avance que Berthold Ulungu a l’intention de « présenter ces hommes comme des miliciens à la solde du député national Okundji » et dénonce, anticipativement en quelque sorte, un scénario hollywoodien.
Selon les sources contactées par Le Maximum dimanche et lundi derniers, il semble, malheureusement pour le tonitruant député de l’opposition, que l’information est totalement fausse. En réalité, les faits plaident en sa défaveur. D’abord, parce que le Commissaire spécial du Sankuru est effectivement arrivé à Kinshasa le week-end en provenance de Lusambo en vue de prendre part avec ses collègues d’autres provinces à un séminaire de mise à niveau organisé à leur intention par le Gouvernement central. Ce premier voyage du nouveau patron de la nouvelle province du Sankuru sur Kinshasa intervient après une tournée d’itinérance qui l’avait conduit dans tous les territoires de l’entité qu’il dirige. Dont le territoire de Lubefu, voisin de Lusambo, qu’il a visité à la mi-janvier 2016. Une visite émaillée d’incidents à la limite de l’insurrection, selon des sources proches des services du Commissaire spécial, corroborées par des sources indépendantes contactées sur place. Une bande de jeunes armés de fusils de chasse de type calibre 12, d’usage courant dans cette partie de la RD Congo, a tenté d’interdire à l’autorité l’accès du chef lieu du territoire de Lubefu où le député Okundji et sa famille font la loi. Sans succès. Dénoncé par la population, la bande a été mise en déroute et l’autorité provinciale a pu poursuivre son programme sans encombres. Le communiqué rendu public jeudi 21 janvier 2016 par Me Pascal Alomba, le conseiller principal adjoint du Commissaire spécial du Sankuru renseigne que quelques éléments de la bande ont été interpellés par les services de sécurité. Des faits avérés, qui ont été dénoncés en public au cours d’un meeting populaire qui a permis au Professeur Ulungu de mettre en garde la population contre toute tentative de rébellion contre l’autorité établie. Le Commissaire spécial, ancien député national, en aurait ensuite prévenu au téléphone son ancien collègue, Emery Okundji, qui, selon cette source, a été piqué au vif et a réagi par des propos discourtois à l’information lui fournie par le Professeur Ulungu.
De fait, le Commissaire était accompagné de deux victimes de la bande à Okundji qui avaient reçus des balles de calibre 12 après le départ de Lubefu de l’autorité provinciale du Sankuru. Il ne s’agissait donc pas de « miliciciens » mais bien de victimes de miliciens d’Okundji et consorts qui ont été conduits à l’Hôpital général Mama Yemo pour des soins appropriés. En présentant ses propres victimes secourus par le Commissaire spécial comme des personnes enlevées par ce dernier pour les présenter comme ses partisans, Okundji s’agite comme un diable dans un bénitier et veut faire feu de tout bois pour se disculper.
A Kinshasa, le député Fonus avait auparavant tenté d’abuser de la crédulité des médias lors d’un point de presse animé le 18 janvier 2016 pour faire état des menaces qui pèseraient sur sa personne, proférées par le Commissaire spécial de sa province d’origine. Berthold Ulungu l’aurait accusé d’entretenir une milice locale et l’aurait menacé de représailles. « C’était le vendredi 15 janvier aux environs de 21 heures, alors que je m‘entretenais avec le président national des Fonus au siège du parti à Kinshasa. Pendant 14 minutes, le commissaire spécial de la nouvelle province du Sankuru, M. Ulungu Ekunda Berthold, m’a imputé l’organisation des groupes de jeunes en vue de lui jeter des pierres lors de sa visite du 1 au 14 janvier 2016 à Lubefu d’une part, et surtout d’être à la base de tout ce qui a créé les désordres, parfois mort d’hommes d’autre part », a rapporté Emery Okundji aux chevaliers de la plume venus couvrir son point de presse. Un argument immature, selon certains observateurs, qui indiquent avec pertinence qu’en RD Congo, les communications téléphoniques sont enregistrées et peuvent être reconstituées et reproduites à la requête de la justice. Et compromettre gravement un menteur.
En réalité, à Lubefu couve un conflit qui oppose des proches de Okundji à une partie de la famille régnante du groupement Longonya Dive. Une vilaine affaire qui a, effectivement, déjà causé morts d’hommes. A ce conflit familial peuvent être superposés les rapports venimeux qui règnent entre le député et des acteurs politiques de la contrée. Les sources du Maximum parmi les ressortissants de Lubefu à Kinshasa assurent que dans ce territoire du Sankuru, nul ne pouvait oser battre campagne dans le secteur-chefferie des Mukundji et en sortir indemne. C’est connu de tous à Lubefu et tous les candidats aux élections, par exemple, en savent un bout. A la limite donc, il semble bien que Emery Okundji et son frère aîné Joseph Olenghankoy entretiennent des partisans qui se caractérisent par des attitudes de violence. Il semble que ce fait soit prouvable assez aisément.
Seulement, de là à s’en prendre au représentant de l’Etat dans la province, il y a sans doute un pas qu’il aurait mieux valu ne pas franchir. Le séjour du Commissaire spécial du Sankuru à Kinshasa devrait permettre d’en savoir davantage. Même si un autre fait plaide contre l’honorable Emery Okundji. Réagissant à la nomination des commissaires spéciaux à la tête des nouvelles provinces, vendredi 30 octobre 2015, le député Fonus avait dénoncé ce qu’il considérait comme une violation de la constitution par le Chef de l’Etat. Fâcheux précédent qui indique que des Commissaires spéciaux, Emery Okundji ne veut pas. Est-il allé jusqu’à tenter une rébellion contre le commissaire spécial de sa province ?
Si cela s’avère, l’affaire peut lui coûter cher. Elle peut aussi expliquer la trouille et la fuite en avant qui animent le député de Lubefu qui semble prendre conscience d’être allé trop loin.
Affaire à suivre.
J.N.