« Obéissez à vos conducteurs et ayez pour eux de la déférence, car ils veillent sur vos âmes dont ils devront rendre compte ; qu’il en soit ainsi, afin qu’ils le fassent avec joie, et non en gémissant, ce qui ne vous serait d’aucun avantage ». C’est en Hébreux 13:17. En disant mécaniquement non au Pape François, non au Nonce apostolique, Luis Mariano, non à la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO) au sujet du Dialogue national, l’opposition version « Dynamique-G7 » et la Société civile qui leur est alliée, regroupées désormais au sein du « Front Civil 2016 », remettent en réalité en question l’autorité spirituelle des princes de l’Eglise. Qu’adviendrait-il dès lors si les fidèles catholiques se mettaient, à leur tour, à les imiter ? De politique, la crise deviendrait religieuse, et la sanction pourrait être celle contenue en Hébreux 10:31 : «C’est une chose terrible de tomber entre les mains du Dieu vivant»…
Moïse Katumbi qui décrète, pour chaque jour à midi, et cela pendant trois mois « deux minutes (…) pour la paix et pour que Dieu guide notre lutte démocratique » ; le « Front civil 2016 » qui décide de maintenir la Marche des Chrétiens du 16 février prochain à laquelle la Cenco a pourtant renoncé par crainte de récupération politicienne (c’est ce que fait Moïse Katumbi !) ; Gabriel Kyungu, en génuflexion sur une artère de Lubumbashi (plutôt que dans un lieu de culte), implorant quelque chose qu’il fait ressembler à Dieu ; Vital Kamerhe, dont le verset biblique favori est désormais «… car si Dieu est avec nous, qui sera contre nous ? » ; Eve Bazaïba qui reste convaincue qu’« Avec Dieu, nous ferons des exploits » ; oui : nombre des leaders de l’opposition radicale affichent désormais publiquement une religiosité rampante dans un Etat constitutionnellement laïc. Sans pinces ni rires.
But de ces gesticulations : s’attirer la sympathie de la population congolaise réputée croyante à plus de 90 %, toutes confessions monothéistes comprises. Un électorat à ne pas s’aliéner !
Une question se pose cependant : sont-ils réellement, eux-mêmes, ancrés dans la foi chrétienne, musulmane ou judaïque ? Car, cette foi commande, en matière de rapports entre humains, d’obéir aux princes de l’Eglise établis par … Dieu.
Pour les Catholiques, ces princes sont, notamment, le Saint-Père, le Nonce apostolique, le Cardinaux, les évêques et toute la communauté de prêtres. Dans notre pays, le Cardinal et cette communauté sont représentés par la Conférence épiscopale nationale du Congo, Cenco en sigle. Conséquence : il faut respecter les consignes de l’Eglise.
Rien ne saurait donc, logiquement, expliquer la bravade usurpatrice continue des Katumbi, Kyungu, Kamerhe et autres leaders du « Front civil 2016 » – de surcroît de confession catholique – à l’égard des Evêques catholiques qui, selon Hébreux 13 : 17, sont «leurs conducteurs» veillant sur leurs «âmes dont ils devront rendre compte», le moment venu. De même que rien n’explique le « silence » des mêmes Evêques par rapport à ce qui ressemble à une usurpation de la qualité de berger des croyants par des acteurs politiques mus par des desseins qui débordent des impératifs de la foi.
Le danger des initiatives du type de Moïse Katumbi, c’est qu’elles s’adressent directement aux brebis et sont de nature à atteindre toutes les couches des chrétiens membres de l’Eglise catholique romaine au Congo, à commencer par les Communautés ecclésiales vivantes à la base, CEVB. L’autorité des encadreurs communément appelés Diacres est susceptible d’être remise en question par des fidèles s’inspirant du refus des leaders politiques catholiques d’obéir à la Cenco.
Manque d’humilité
Pour peu que ces leaders fassent montre de sagesse, ils auraient dû saisir l’occasion du message papal du 25 décembre 2015, tout comme l’occasion des consultations menées par la Cenco d’abord et le Nonce apostolique ensuite, pour accepter d’intégrer le dialogue, non sans s’en remettre à la sagesse du Saint Père pour sa bonne tenue. Par exemple en disant au Saint Père qu’ils ont reçu 5/5 son message et qu’en cas de dérapage, ils s’en remettraient à sa sainte personne.
Un tel acte d’obéissance et de soumission aurait honoré les pères spirituels de l’église dont ils se réclament, et personne ne serait gêné de les voir investir les paroisses pour des messes accompagnées de conférences politiques.
Or, dans les faits (pseudo religieux) sous examen, on assiste à cette cocasserie : les acteurs politiques bravent la Cenco, mais ne s’empêchent pas d’organiser messes et conférences-débats dans ses installations paroissiales. Comme s’ils étaient intéressés plus par l’espace physique que par l’esprit chrétien. En deux mots comme en mille : les politiciens s’estiment en droit de se jouer des ministres de Dieu, d’instrumentaliser l’ordre missionnaire à leur profit.
On peut en dire ou en penser ce que l’on veut, mais la réalité est que c’est la consécration de la désacralisation de l’autorité religieuse, exactement comme ils ont réussi la désacralisation de l’autorité coutumière et sont en train de désacraliser l’autorité étatique.
Que restera-t-il d’une société comme celle-là ?
LE MAXIMUM AVEC OMER NSONGO D.L.