La SIM, la petite puce qui permet d’avoir accès au réseau d’un opérateur mobile, sera directement intégréé dans les téléphones. Les géants mondiaux du secteur des NTIC, Samsung, Apple ainsi que la GSM Association, s’y emploient non sans succès.
Depuis toujours liée à l’histoire de la téléphonie mobile, la carte SIM – du moins dans ses formes physiques et amovibles actuelles- ne pourrait être bientôt qu’un vestige du passé. Selon le quotidien britannique Financial Times, les numéros 1 et 2 du marché des smartphones, avec la GSM Association (qui représente les opérateurs de téléphonie mobile dans le monde) planchent depuis plusieurs mois sur la possibilité de fabriquer une carte électronique intégrée dans les terminaux. Le module pourrait être baptisé «e-SIM» (pour embedded SIM). Il s’agira, en effet, pour dire clair, de la «virtualisation» de la carte SIM. La puce sera soudée directement à la carte-mère du téléphone et fonctionnera comme un Sim vierge, rassurent des experts. L’opérateur choisi par l’utilisateur n’aura plus qu’à y charger ses informations pour accéder au réseau. En d’autres termes, il pourra tout simplement faire migrer son numéro et ses contacts comme on le fait déjà grâce au cloud à travers un Apple ID ou son compte Gmail. Le but de l’e-SIM est de faciliter la transition d’un opérateur à un autre lorsqu’un abonné achète un nouveau terminal. «Avec l’e-SIM, quand le client sera lié par un contrat à l’opérateur, celui-ci téléchargera à distance les secrets de la carte pour que le téléphone puisse fonctionner avec l’opérateur », explique Philippe Lucas, directeur de la normalisation d’Orange. C’est tout l’objet des travaux menés par la GSMA en coalisant avec les deux géants en construction des smartphones, qui souhaitent normaliser ce mécanisme de téléchargement et le sécuriser.
L’idée d’un remplaçant de la carte SIM n’est pas tout à fait nouvelle. Fin 2014, Apple avait lancé l’Apple SIM (SIM maison) en même temps que ses modèles de tablettes Ipad Air 2 et Ipad mini3. Les deux terminaux embarquaient déjà cette technologie. Le dispositif proposait, en effet, des avantages en cas de déplacements à l’étranger. Il pouvait résoudre la surfacturation liée au coût d’itinérance lorsque l’abonné est en roaming ou encore lui faire éviter le laborieux changement de SIM. L’intérêt d’un tel dispositif, a précisé la firme Apple, était qu’ «une fois arrivée à destination, lorsque vous voudrez consulter vos e-mails, trouver une adresse ou envoyer un message à vos proches, il vous suffira alors de souscrire un forfait de données cellulaires pour la durée de votre séjour, que ce soit pour une journée, une semaine ou un mois». Les opérateurs n’ont pas vu cette technologie d’un très bon œil. Seuls quelques-uns proposent des forfaits utilisant cette technologie maison.
La technologie e-SIM présente certains avantages pour l’utilisateur. Plus flexible que la carte SIM traditionnelle, il suffit de se connecter à Internet pour passer d’un opérateur à un autre et récupérer toutes les informations. De plus, il n’est plus question d’attendre l’arrivée de sa carte SIM au moment de l’ouverture d’une ligne puisque la carte et le téléphone arrivent en même temps. A l’instar de l’Apple SIM, l’autre avantage est pour les voyageurs. Il suffirait de souscrire à un forfait local en arrivant à l’étranger pour réduire le coût de l’itinérance. Le client perdrait en revanche la possibilité de changer de téléphone facilement en cas de perte ou de dysfonctionnement. Cela se solderait automatiquement par le rachat d’un nouveau terminal. Pour l’instant, cette SIM intégrée n’en est qu’au stade de négociations entre différents acteurs. Et selon le Financial Times, ces négociations étaient fort avancées durant l’été 2015. Et, fort probable, la nouvelle architecture commune de la carte SIM universelle pourrait voir le jour courant 2016.
Pour le numéro un mondial des fabricants des cartes SIM, Gemalto, la SIM virtuelle, ça n’est pas du tout une bonne nouvelle. Ses actions ont d’ailleurs chuté dès l’annonce de la SIM virtuelle, courant juillet 2015. Gemalto risque de perdre à la fois le marché de la carte SIM sur laquelle elle ne fait pas trop des marges bénéficiaires mais surtout le système d’exploitation qui permet de connecter la carte SIM au réseau des opérateurs, fait comprendre Leslie Griffe de Malval, analyste chez Fourpoints. La société a toutefois voulu rassurer en déclarant qu’elle participe «activement » aux négociations en cours et que cette technologie pourrait même lui être bénéfique. Si les négociations autour de l’e-SIM aboutissent, il serait question de la cinquième génération dans l’histoire de la carte SIM après la Full Size SIM, la Mini SIM (2FF) appelé aussi Standard SIM, la 3FF commercialement nommée Micro SIM et la Nano SIM (4FF) adoptée en 2013 par Apple sur la série de l’Iphone 5, suivi de Nokia qui l’utilise pour le Lumia 1520.
PALM