Pas particulièrement reluisant, l’état des lieux de la nouvelle province du Sankuru, tel qu’il ressort d’informations de sources concordantes parvenues au Maximum à la faveur de la tournée qu’effectue le patron de l’administration provinciale. Le premier problème auquel doit faire face le commissaire spécial, le Professeur Berthold Ulungu Ekunda, est sans nul doute celui des infrastructures, moteur du développement de la nouvelle entité administrer. Il faut réhabiliter les routes pour désenclaver le Sankuru avant de songer aux projets porteurs susceptibles d’impulser le développement. Sans oublier la question fondamentale des infrastructures administratives qui se pose avec acuité et attend d’être réglé au plus tôt. Les bâtiments destinés à abriter les services administratifs de la province sont quasi inexistants, et là où il subsiste quelques-uns, leur état nécessite une réhabilitation complète, selon une étude des services du commissaire spécial rapportée au Maximum. La même étude déplore le fait de nombreux services provinciaux tels que les mines, l’EPS/INC, la santé, etc, qui se sont installés depuis des lustres à Lodja plutôt qu’à Lusambo, le chef-lieu de la nouvelle province. En deux mots comme en mille, ça dysfonctionnait complètement au Sankuru jusqu’à la nomination des nouvelles autorités à la tête de la nouvelle province.
Administratifs véreux
A ces dysfonctionnements quelque peu entretenus se sont greffés de nombreux appendices sous forme de problèmes sécuritaires, entre autres. Les sources du Maximum font état la multiplication de barrières (road blocks) arbitraires érigées sur les routes de desserte agricole par les soins d’un commandant de la Police Nationale Congolaise réfractaire à la discipline, le colonel Donatien Ekofo. Sous prétexte de lutte contre la criminalité économique (de villageois pour la plupart agriculteurs), il avait nommé un certain Faustin Taka, chargé d’extorquer des biens aux usagers des routes de desserte agricole encore en état, sans jamais rien verser dans les caisses de l’Etat, naturellement. Le colonel Ekofo avait même ajouté aux délits répertoriés dans le code pénal congolais celui de « possession excessive de monnaie » : au-delà de un million de FC possédé par un passant, ses sbires se chargeait de « taxer » 30 ou 40 % du surplus…
Les préposés de la PNC et leurs complices ne sont pas les seuls à s’empiffrer sur le dos du contribuable et de l’Etat au Sankuru. Les agents des services générateurs des maigres recettes de la province s’illustrent, eux aussi, dans la dilapidation desdites recettes au détriment du Trésor public. Saisi par les élus de cette partie du territoire nationale, le Commissaire général de la Police Nationale a relevé de ses fonctions le dénommé Ekofo aussitôt remplacé par un autre officier supérieur, le Lt-Colonel Lobota.
Roitelets locaux
Les acteurs politiques du Sankuru sont responsables, eux aussi, de l’insécurité qui s’y observe. Les sources locales du Maximum rapportent qu’en territoire de Lodja, dans le secteur des Lutshimba notamment, les proches d’un député provincial, l’honorable Charles Pongo, sèment la terreur à tout vent. Dans le groupement Tshahe du village Teke (sous-village Pota Lukutshu) situé à quelque 28 km de Lodja, ils ont carrément érigé des barrières à des fins d’extorsions de paisibles paysans, et affichent une intolérance politique toute indigène : pas un drapeau d’un parti politique autre que celui de l’honorable n’est autorisé à flotter dans les parages, même si ledit parti est membre de la coalition de Majorité Présidentielle à laquelle appartient le PPRD dont fait partie l’honorable Charles Pongo.
Au niveau de la rivière Lowale, à 52 km de Lodja, les partisans du député provincial Charles Pongo, coachés par un certain Longembo, ont érigé une autre barrière : ici, pas de traversée sans le versement d’un tribut arbitraire fixé par ces inciviques. Principales victimes de cette tracasserie : des ressortissants des territoires de Kole et de Lomela dont les produits agricoles ne peuvent atteindre les centres de consommation qu’en traversant le cours d’eau. Aux dernières nouvelles, les nouvelles autorités
Dans l’autre territoire d’importance de la province du Sankuru, Katako-Kombe, les sujets d’inquiétude pour les nouvelles autorités et les populations ne font pas défaut. L’insécurité y a grimpé en flèche, entretenue par l’incompétence des responsables administratifs, l’inconséquence des services judiciaires, et l’irresponsabilité d’acteurs politiques locaux.
C’est dans ce contexte promiscuitaire que des conflits de terre et d’étangs entre Bahamba et Basambala ont entraîné affrontements à répétition et morts d’hommes.
Des mesures conservatoires
En attendant de réguler durablement la vie au Sankuru, le comité provincial de sécurité du Sankuru a pris un certain de mesures conservatoires. L’Administrateur du territoire de Katako Kombe et ses deux adjoints auteurs d’ordres contradictoires qui ont aggravé les désordres dans la contrée et quelques chefs de secteurs incapables d’assurer le maintien de l’ordre public et la sécurité de leurs entités ont été suspendus. Des mesures de suivi et traçabilité des recettes de l’Etat à travers l’utilisation d’imprimés de valeurs et l’exploitation stricte du circuit bancaire sont de stricte application, désormais. Le contrat de la paie des agents et fonctionnaires de l’Etat par la TMB est appelé à être rompu au profit de la Rawbank récemment installée à Lodja, qui est jugée plus solvable.
J.N.