« Qui finance commande », dit-on. Les fondations Konrad Adenauer appartenant au parti politique chrétien allemand CDU, Brenthurst fondée par le magnat sud-africain des mines Harry Frederick Oppenheimer et Human Rights Watch créée par le spéculateur boursier et philanthrope américain George Soros ne seraient pas prises autrement si, en choisissant l’Ile de Gorée – symbole de la traite des esclaves – elles voulaient évaluer, à défaut du niveau d’engagement des ONGDH et de l’Opposition radicale congolaises par rapport à leur propre pays, tout au moins celui de la corruptibilité gangrénant la société congolaise ! Au stade actuel, ce qu’il faut retenir, c’est que la malédiction des ressources naturelles frappe davantage la RDC. Car sous le couvert du processus électoral, c’est en vérité le diamant, le cuivre, l’uranium, le cobalt, le pétrole, le bois, l’eau, le coltan, les terres qui se bousculent dans la tête des faiseurs du monde. DEMONSTRATION !
Fils du député national Gilbert Kiakwama, le porte-parole du mouvement Filimbi nommé Yangu Kiakwama Kia Kiziki a accordé une interview à l’hebdo français «Le Point», édition africaine, parue le 21 décembre 2015. A elle seule, la légende accompagnant sa photo est tout un programme…politique : « À l’image de la signification même du nom du mouvement citoyen Filimbi dont il est le porte-parole, Yangu Kiakwama kia Kiziki veut siffler la fin d’un régime qui semble tenté par des manoeuvres jugées antidémocratiques », écrit Muriel Devey Malu-Malu.
A la question «Pouvez-vous nous présenter le Front citoyen 2016 ?», Yangu répond : « La situation politique de la RD Congo est préoccupante. Face à l’importance des enjeux démocratiques, il était important de constituer un front pour agir ensemble et être à la hauteur des défis. Le Front citoyen 2016 est une initiative citoyenne qui a commencé il y a plusieurs semaines, bien avant le Forum de Gorée. Il est le résultat d’un long travail de discussion entre tous les acteurs de la société congolaise dans leur diversité, aussi bien ceux des forces sociales que des formations politiques. Il s’est matérialisé en marge du Forum de Gorée, du fait de la présence de nombreux acteurs congolais à cette rencontre ».
Par cette réponse, se révèle cette vérité implacable : les contacts entre Filimbi (et certainement Lucha) avec les franges les plus bruyantes des ONGDH et de l’Opposition politique n’ont pas été amorcés à Ile de Gorée. Ils résultent – Yangu le dit clairement – « d’un long travail de discussion ». Résultat : la conférence organisée sur place du 11 au 14 décembre 2015 est un rendez-vous bien préparé, bien planifié.
Reste maintenant à savoir si la fondation allemande Konrad Adenauer – avec son budget annuel de 100 millions d’euros – a servi de couverture de manière consciente ou non ; l’éventualité d’un abus de confiance n’étant pas à exclure. Et même s’il était ainsi, on comprendrait toujours mal pourquoi, dans les invitations envoyées et la communication déployée, elle s’est abstenue de signaler la co-organisation avec la fondation sud-africaine Brenthurst créée, pour rappel, par le sud-africain Harry Frederick Oppenheimer, président d’Anglo American Company pendant 25 ans et de De Beers Consolidated Mines pendant 27 ans, l’homme ayant pris sa retraite en 1984, cinq ans avant la libération de Nelson Mandela de Robenn Island.
George Soros…
Dans la dernière chronique ayant pour avant-titre «Piégés eux-mêmes à Ile de Gorée» et pour titre «Les ‘Dakariens’ s’en prennent à Aubin Minaku pour rien !», il y a, sous l’intertitre «Félix, De Beers, Miba et effet boomerang», cette partie suffisamment révélatrice : «Une petite curiosité attire entre-temps l’attention des observateurs : de tous les participants congolais à s’exprimer sur cette conférence, seul Félix Tshisekedi a cité la fondation Brenthurst et établi un lien entre celle-ci et Harry Frederik Oppenheimer (…). Pour ceux qui ne le savent pas, De Beers opère dans le diamant. Elle a pour actionnaires principaux Anglo American (45 %) et famille Oppenheimer (40 %). Sur le site Web de Miba, il y a cette information édifiante : ‘Pendant plusieurs années (+15 ans), la totalité de la production MIBA était envoyée à BRITMOND, une filiale de la De Beers qui avait le monopole d’achat du diamant MIBA’. Le 9 novembre 2005, autre information importante, un Protocole d’Accord entre la Miba et De Beers Centenary avait été envisagé pour la création d’une joint-venture dénommée SKD (Société Kasaïenne du Diamant). La Commission mise sur pied avait préconisé sa révision…’ (…). La présence à ‘Dakar’ de la fondation Brenthurst (…) peut expliquer en partie le vrai objectif de la conférence : le diamant ! ».
Au fait, cette pierre précieuse n’est qu’une symbolique. Elle traduit toute la malédiction liée aux ressources naturelles dont parle l’ITIE (Initiative pour la transparence dans l’industrie extractive) à laquelle est intimement lié le nom de George Soros, milliardaire américain d’origine hongroise. Celui-là même qui s’est affiché en 2015 sur Internet (Facebook) avec un tee-shirt « Filimbi » après expulsion, de Kinshasa, des membres de « Y en a marre » et « Balai citoyen ».
Avec l’Open Society Institute, sa fondation principale, George Soros «serait l’un des plus grands philanthropes modernes ». Il a créé ou finance, relève le document intitulé «Délits d’initié et de coups d’Etat : George Soros, spéculateur et philanthrope », « diverses associations et fondations de premier plan, tel que Human Rights Watch et International Crisis Group ». On y trouve ce passage fort révélateur : « Au cours des dernières années, Georges Soros a joué un rôle central dans des changements de régime, notamment en Europe centrale et orientale ». En 2002, il fit cette déclaration sulfureuse : « Dans la Rome antique, seuls les Romains votaient. Sous le capitalisme mondial moderne, seuls les Américains votent. Les Brésiliens, eux, ne votent pas ». Comme pour dire des Français, des Allemands, des Japonais, des Britanniques, des Indiens, des Israéliens et tout naturellement des Congolais qu’ils ne votent. C’est Washington qui décide…
Le travail de démolition auquel se livrent les ONGDH de la RDC s’explique. Surtout quand il est managé par des structures comme Hrw pour les matières relevant des Droits humains et et Icg pour celles relevant de la Sécurité. D’ailleurs, dans son Rapport Afrique n°2255 du 5 mai 2015 intitulé «Congo : l’alternance démocratique est-elle possible ?», International crisis group recommande à la communauté internationale de « suspendre le soutien au processus électoral et aux forces de sécurité congolaises si le président et le gouvernement continuent de tergiverser sur le respect de la limite de deux mandats » et, « En cas d’importants retards et de violation flagrante du principe des deux mandats, revoir l’aide publique au développement et envisager la révision du mandat de la Monusco » !
Au mieux de l’ingénuité, au pire de la méchanceté
C’est ici que la naïveté des jeunes de Filimbi et de Lucha est compréhensible même sans pour autant être excusable. Ils ne maîtrisent nullement les enjeux en présence mais veulent jouer dans la cours des grands.
Mais c’est surtout ici que la mauvaise foi des membres de la Société civile et de l’Opposition à avoir accouru à l’Ile de Gorée est condamnable. Ils savent, eux, qu’aucune bataille politique, économique ou sociale – armée ou non armée – ne s’engage en territoire congolais depuis 1960 sans être d’abord liée aux minerais ou aux hydrocarbures, à l’énergie électrique ou à l’énergie hydraulique. L’anecdote de Sun City (lire encore BALISES) nous rattrape.
Croire alors, dans ce contexte, que le processus électoral, tel que le clament les « Dakariens », est une affaire des Congolais, pour les Congolais, avec les Congolais, relève au mieux de l’ingénuité (pas ingéniosité), au pire de la méchanceté.
Le seul mérite du rendez-vous d’Ile de Gorée est de nous signifier que l’esclavage n’a plus besoin des razzias à la Tipo-Tipo. Des candidats sont désormais en costume-cravate avec attaché-case pour les aînés, en survêt avec basket, oreillettes et sur roulettes pour les enfants. Et lorsque ceux-ci invitent ceux-là avec l’argent des « Soros », la suite se devine au travers du constat : « ‘Dakar’ : encore ces minerais ‘maudits’ » !
Le Maximum avec Omer Nsongo D.L.