Une partie de l’opposition politique rd congolaise comprenant quelques acteurs politiques, représentants d’Ongs, journalistes ainsi qu’un délégué, et pas des moindres, de la Conférence Nationale Episcopale du Congo (CENCO) ont été conviés, du 11 au 14 décembre 2015 à ce qui se voulait en principe comme une réflexion sur les processus électoraux en Afrique. En pratique, l’affaire a été boutiquée par la fondation allemande Konrad Adenauer Stifftung qui avait annoncé des délégations de Tanzanie, de Côte d’Ivoire, du Mozambique, de Namibie, du Togo, d’Ouganda et du Ghana … Mais dans les faits, c’est la partie rd congolaise qui a eu les faveurs et les priorités des organisateurs puisqu’une bonne quarantaine de personne avait effectué le déplacement et l’écolage de l’île de Gorée où se sont déroulés les travaux. En plus du fait qu’à la clôture, les délégués de l’opposition rd congolaise ont trahi le contenu des leçons du Sénégal en scandant, en compagnie des mouvements subversifs sénégalais et burkinabé « Balai Citoyen » et « Y en a marre » des slogans virulemment anti-kabilistes. Selon un observateur présent sur les lieux, il ne pouvait en être autrement étant donné que les organisateurs de la rencontre de l’île de Gorée se sont évertués à vulgariser une notion de la démocratie très partielle puisque seule l’opposition et des groupes de la société civile qui lui est inféodée avaient été conviés à ces drôles d’échanges sur l’avenir de la RD Congo. Pas la majorité au pouvoir qui en a été ainsi tout simplement exclue.
Complot
L’affaire avait donc des allures d’un complot. Les autorités de Kinshasa, informées en dépit du secret dont les organisateurs avaient tenté d’entourer leur initiative s’en sont émues publiquement, reprochant à Dakar d’abriter « une rencontre qui vise la déstabilisation d’un pays tiers du continent ». Un peu plus d’une semaine après la fameuse réunion de l’île de Gorée, on en sait davantage sur les tenants et les aboutissements de ces journées financées par une fondation … allemande, c’est-à-dire, du même pays européen que le dernier représentant spécial du secrétaire général des Nations-Unies et patron de la Monusco, Martin Kobler. Le diplomate avait quitté Kinshasa il y a quelques mois, à la demande insistante de Kinshasa qui n’appréciait guère ses ingérences tonitruantes dans les affaires intérieures rd congolaises et son bilan à la tête de la plus importante force onusienne déployée dans le monde.
Le complot, puisqu’il s’agit bien d’un complot, ourdi sur l’île de Gorée a aussi révélé que l’habit ne fait pas toujours le moine. La Conférence épiscopale nationale congolaise (CENCO) s’est ostensiblement affichée dans les rangs de l’opposition politique la plus extrémiste à cette occasion, trahissant une étonnante partialité en épousant la cause d’une partie de la classe politique contre une autre. Certes, la hiérarchie de l’Eglise catholique romaine a bien tenté de se rattraper de cette bourde flagrante en publiant une mise au point sur le retrait de son délégué, l’Abbé Santedi, secrétaire général de la centrale épiscopale, de la réunion subversive organisée par Konrad Adenauer au Sénégal. Selon le communiqué signé par l’abbé Nshole, adjoint de Santedi, l’Eglise n’aurait pas su qu’à l’île sénégalaise n’avaient été conviés que des opposants purs et durs. Elle avait donc, de ce fait, ordonné à son délégué de vider les lieux illico presto et sans aucune forme de procédure. Seulement, le communiqué clérical s’est révélé, lui aussi, non conforme à la réalité des faits. Selon une information diffusée sur internet par C-News, un confrère qui n’a pas le pouvoir en place en odeur de sainteté, l’abbé Santedi avait pu prendre part à tous les travaux de Gorée et même participé à la rédaction des conclusions de ceux-ci avant de plier bagages. « L’église a pris acte des résolutions de l’île de Gorée », tranchait le confrère. Une chose et son contraire à la fois.
Barbouzes
Il n’y avait pas que les allemands de la fondation Konrad Adenauer à l’île de Gorée. Greg Mills, une dangereuse barbouze sud africaine, a aussi pris une part active aux travaux de la frange hystérique de l’opposition congolaise. Gregory John Barrington Mills préside aux destinées de la Fondation Brenthurst, une nébuleuse créée par la famille Oppenheimer, théoriquement pour renforcer les performances économiques de l’Afrique. Concrètement, l’homme est connu pour avoir des accointances prononcées avec le collège de défense de l’OTAN qui siège à Rome. Il a été conseiller spécial d’un certain nombre de chefs d’Etat du continent. Notamment, de l’autoritaire N°1 rwandais Paul Kagame dont il a est l’un des conseillers stratégiques les plus écoutés depuis 2008. Deux ans auparavant, Greg Mills se trouvait en mission à Kaboul, dans le chaudron afghan, en qualité de chef de la force internationale d’assistance à la sécurité. L’homme est donc tout sauf un expert en lutte non violente pour des réformes démocratiques.
Ecole insurrectionnelle
Rentrés à Kinshasa, les participants aux travaux du Sénégal se sont constitués en une sorte de plate-forme politique, une de plus, le Front Citoyen 2016. La dénomination du nouveau regroupement n’est pas sans rappeler le Balai Citoyen burkinabè, le mouvement insurrectionnel célèbre pour avoir incendié le siège du parlement à Ouagadougou et précipité le renversement non démocratique de Blaise Compaoré. Déduction indubitable : les opposants rd congolais ont été à l’école de la violence insurrectionnelle, ainsi qu’en atteste le programme d’actions rendu public il y a quelques jours : le Front Citoyen exige un calendrier électoral consensuel avant le 31 janvier prochain, qui prévoit l’élection présidentielle ; la mise à jour du fichier électoral au plus tard le 10 février, selon un communiqué publié par des opposants à Bruxelles ; parce que le 16 février, date anniversaire de la répression sanglante par Mobutu d’une manifestation de chrétiens de Kinshasa, l’Église catholique opposante entend défier le régime des tombeurs de Mobutu en mobilisant des Congolais pour une marche dite pacifique contre Joseph qui se trouve encore en plein exercice de son mandat constitutionnel. Un calendrier d’actions sera rendu public. Elles sont présumées non violentes mais les contacts qu’ont eu des opposants comme Franck Diongo et Martin Fayulu avec des partisans du pasteur terroriste Mukungubila pendant la réunion de Dakar permettent d’en douter.
La publication d’un calendrier électoral et la mise à jour fichier électoral étant impossibles aux dates fixées par les opposants, c’est un véritable appel à l’insurrection que l’UNC de Vital Kamerhe, l’UDPS de Félix Tshisekedi, le MLC de Eve Bazaïba et des minuscules partis d’opposition comme l’ECIDE de Fayulu ou le MLP de Diongo ainsi que des personnalités comme Moïse Katumbi et certaines Ongs ainsi que l’Église catholique se préparent à organiser. Le flegmatique Joseph Kabila a, tout en retirant son appel à un dialogue national inclusif pour des élections apaisées, annoncé sa ferme détermination à ne pas laisser la chienlit s’emparer du pays et menacer les avancées économiques et sociales et significatives engrangées sous son leadership ces dernières années. Affaire à suivre.
J.N.