Alors que la Primature et l‘Hôtel de ville sont loin de s’accorder sur la gestion des immondices de la capitale, le Bureau Central de Coordination des projets, BCECO, est sur le point de disposer de quelque 150 m3 de gasoil dans les installations de la SEP à Kinshasa en vue de l’évacuation des déchets ménagers et autres de quelque 10 millions de kinois.
D’après le BCECO, le gouvernement provincial de Kinshasa, avec l’appui du gouvernement central de la République Démocratique du Congo, a mis en place le Programme de Gestion des Déchets Solides (PGDS) visant à poursuivre les activités du projet PARAU/PAUK financé par le 9è et le 10è FED. Ce programme est placé sous la gestion technique de la Régie d’Assainissement des Travaux Publics de Kinshasa (RATPK). Ainsi, la ville de Kinshasa, par délégation de maîtrise d’ouvrage, aurait chargé le Bureau Central de Coordination (BCeCo) de la mise en œuvre des marchés dudit projet.
Seul bémol, à l’Hôtel de ville, il n’est nullement fait mention d’un projet mitoyen entre le gouvernement Matata et le gouvernorat Kimbuta. En outre, il est relevé que l’appel d’offre du BCECO (en vue de l’acquisition de 150m3 de gasoil) a été rédigé, visiblement à la va-vite, tant les montants – exigés aux soumissionnaires – écrits en chiffres ne correspondent pas à ceux repris en lettres. L’appel mentionne par exemple que « le candidat doit avoir atteint au cours de cinq (5) dernières années un chiffre d’affaire dépassant deux millions (1.000.000,00) dollars américains ». Ou encore, « Fournir des preuves écrites des états financiers certifiés de trois dernières années (2012, 2013 et 2014) et les attestations pour la ligne de crédit bancaire à hauteur de cent cinquante mille (500.000.00) dollars américains». Du copier-coller malencontreux, de toute évidence. En outre le coût du marché n’a pas été repris dans l’appel d’offre si ce n’est que les candidats intéressés sont priés de se rendre au bureau du BCECO. De l’avis des observateurs, la problématique de la gestion d’immondices recèle des soubassements financiers considérables.
Déjà, dans une correspondance datée du 12 août 2015, le Premier ministre, Augustin Matata, désapprouve les termes de l’entente issue des réunions d’experts convoquées par son ministre des finances, Yav Mulang. « Au regard de l’état actuel de la trésorerie et des perspectives électorales, le Gouvernement de la République n’est pas en mesure de prendre en charge la quotité mensuelle lui proposée, dans le cadre de cofinancement de la première phase de mise en œuvre de la pérennisation du PARAU. Aussi, afin de permettre à l’exécutif de la ville de se préparer en conséquence, j’autorise la prise en charge d’un mois, par le Trésor Public, à dater de ce 21 août 2015 », écrit le Premier ministre.
Pourtant, au terme des réunions marathon entre experts du ministère des Finances (gouvernement central) et de l’Hôtel de Ville, fin juillet-début août 2015, il s’est dégagé la nécessité d’accorder une période transitoire d’un an à l’Hôtel de Ville avant de permettre à la régie urbaine d’assainissement (la RAPTK) de se charger des immondices de la capitale. Durant cette année transitoire (du 21 août 2015 au 21 août 2016), les deux parties ont convenu de décaisser 800.000 USD/ mois , à raison de 80 % par le ministère des finances et 20 % par l’Hôtel de Ville de Kinshasa, pour la poursuite de l’assainissement des 9 communes dont les immondices étaient évacués par PARAU-PAUK. Neuf de 24 communes de la ville-province ont bénéficié du programme : Gombe, Barumbu, Kinshasa, Lingwala, Bandalungwa, Ngiri-Ngiri, Bumbu, Kasavubu, Kalamu, durant 6 ans. En 2014, 10 autres millions d’Euros ont été accordés au projet pour permettre la poursuite du programme durant une année supplémentaire en attendant que la Ville de Kinshasa ne prenne ses responsabilités. Au mois d’août dernier, le projet d’assainissement des 9 communes est arrivé à échéance. Depuis septembre 2015, c’est à la partie rd congolaise que revient la tâche d’assurer l’assainissement de la capitale en décaissant le million USD/mois pour les 9 communes qui ont bénéficié du projet PARAU. Sans compter les 15 autres communes qui elles aussi doivent être assainies. Et ceci se pose en termes d’urgences à la suite des pluies diluviennes qui arrosent la capitale de flotte indésirable ces derniers jours. Tenez. La commune de Limete, traversée par la principale voie (Boulevard Lumumba) qui relie l’aéroport de N’djili au centre-ville ne dispose d’aucune décharge publique. Si ce n’est la bande de terre qui sépare les grand et petit boulevards. Hélas. Pour la Primature, la part du gouvernement – 640.000 dollars- a donc déjà été versée une et une seule fois fin août. Et, dans un communiqué, sous seing du Dircab du Premier ministre, Sele Yalagui, rendu public au plus fort de la guerre des immondices entre l’Hôtel de Ville et l’Hôtel du Gouvernement, le 19 novembre 2015, il est rappelé que l’assainissement, la collecte et l’évacuation des immondices dans toutes les provinces reviennent aux gouvernements provinciaux. Mais aussi, que Kinshasa bénéficie déjà d’un traitement de faveur parce que 1,4 millions USD/mois sont mobilisés par l’assainissement de 5 communes et du boulevard Lumumba.
Réponse du berger à la bergère, le gouverneur André Kimbuta de retour d’une mission à l’étranger soutient sur une télévision de la place que l’argent des immondices, évalué à quelque 1. 400 usd, était disponible au BCECO. (Bureau central de coordination des projets). Qui l’affecte au paiement des balayeurs et balayeuses que l’on aperçoit le long des artères principales de certaines communes kinoises. Mais le Gouv’ va plus loin en faisant savoir que l’accord de cofinancement intervenu entre le gouvernement central à travers le ministère des Finances et l’Hôtel de ville a, en effet, pris compte des contraintes financières respectives du Gouvernement de la République et de la Ville de Kinshasa et proposait, pour ce faire, le financement du projet par un prélèvement sur ses crédits d’investissement inscrits dans le budget de l’Eta». Quant à la somme de 1,4 million USD/mois évoqué dans le communiqué de la primature, André Kimbuta déclare urbi et orbi, non sans pertinence, qu’il s’agit plutôt de fonds qui ne sont pas gérés par l’Hôtel de Ville mais par le BCECO.
POLD LEVI