Le Président de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), Corneille NANGAA YOBELUO, a échangé vendredi 11 décembre 2015 au siège de la CENI avec les Ambassadeurs Envoyés Spéciaux de l’Union Européenne (UE), de l’Union Africaine (UA), des Etats-Unis d’Amérique (USA) et des Nations-Unies autour du processus électoral en République Démocratique du Congo. Ils ont passé en revue l’ensemble des considérations majeures pour la faisabilité des élections dans notre pays ainsi que sur les différents apports attendus des autres parties prenantes au processus électoral, selon une dépêche de la centrale électorale parvenue au Maximum.
La visite du début du week-end dernier constituait une première visite du genre effectuée par les envoyés des grandes puissances du globe au nouveau Président de la Commission Electorale Nationale Indépendante, investi depuis le 19 novembre 2015 à la faveur de la prestation de serment devant la Cour Constitutionnelle.
Le Président de la CENI a salué l’accompagnement manifeste des grandes nations du monde au processus électoral congolais tout en les remerciant de manière très particulière pour l’appui déjà déployé à travers une expertise présente et active à l’intérieur même de l’institution de gestion des élections.
Les Ambassadeurs et Envoyés Spéciaux ont présenté leurs civilités au nouveau Président de la Centrale électorale congolaise (CENI) avant de formuler quelques préoccupations en rapport avec la nouvelle vision de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), les perspectives pour l’élaboration d’un calendrier réaménagé et les principaux défis qui guettent le processus électoral congolais aujourd’hui.
Occasion pour Corneille Nangaa Yobeluo de dresser à l’attention de ses hôtes un état des lieux exhaustif du processus électoral avec ses forces et faiblesses. Il a saisi cette opportunité pour transmettre les remerciements de son institution à la communauté internationale au regard de l’intérêt qu’ils lui ont porté jusqu’à ce jour pour un accompagnement efficient du processus électoral congolais et ce, depuis 2006. Il a fait savoir à ses interlocuteurs que du 03 au 07 décembre derniers, les Membres de la CENI ont procédé à une évaluation sans complaisance des acquis, défis et contraintes du processus électoral afin de mieux rassembler les éléments susceptibles d’éclairer l’élaboration prochaine d’un calendrier électoral réaménagé.
Le Président de la CENI présente un état des lieux clair, sincère et objectif
Vendredi dernier, Corneille Nangaa a partagé avec ses hôtes de marque les différents problèmes qui se dressent sur le parcours du processus électoral congolais. Parmi eux, figurent des problèmes qui sont du ressort de la CENI et auxquels, en tant qu’institution, elle s’attèle à apporter des solutions. C’est le cas des études de planification stratégiques, l’élaboration d’un plan logistique des élections et la restructuration technique opérationnelle de l’institution.
S’ajoutent à ces questions internes, des préoccupations identifiées et qui appellent des solutions extérieures à la CENI. Par exemple, les différents défis législatifs des élections qui exigent la révision de certaines lois essentielles telles que la Loi portant identification et enrôlement des élections et la loi électorale. La première loi s’impose du fait de quelques incohérences constatées par rapport à la loi électorale. En effet, la loi portant identification et enrôlement des électeurs datant de 2004 ne prévoit nullement l’enrôlement et le vote des congolais de l’étranger alors que la loi électorale elle, dispose en son article 5 que « le Congolais résidant à l’étranger qui remplit les conditions, titulaire d’une carte d’identité ou d’un passeport en cours de validité peut participer à l’élection présidentielle, selon les modalités déterminées par la Commission Electorale Nationale Indépendante en matière d’enrôlement et de vote ». La même loi électorale pose un autre problème en ses articles 115 qui stipule : « chaque circonscription électorale s droit à un nombre de députés égal au résultat des opérations suivants : 1. Un quotient électoral est obtenu en divisant le nombre total d’habitants de la République Démocratique du Congo par le nombre total des sièges à pourvoir à l’Assemblée Nationale », l’article 145, alinéa 2 stipule : « le nombre des sièges à pourvoir pour chaque Assemblée provinciale varie entre un maximum de 48 et un minimum de 18. Il est calculé proportionnellement au nombre d’habitants de la province ». Il s’agit pour la CENI, des questions qui ne peuvent favoriser l’organisation urgente des opérations électorales.
Enfin, la CENI a évoqué d’autres problèmes extérieurs qui nécessitent que les principaux intervenants au processus électoral se prononcent très clairement afin que des options responsables soient levées. C’est notamment la question du financement des élections. D’autres inconnues qui appellent une large consultation sont notamment celles relatives aux 23.000 candidatures enregistrées aux élections provinciales. Il est question d’en établir une option pouvant apporter une réponse définitive aux candidats et aux électeurs, étant donné que ces élections ont été convoquées en fonction du fichier électoral en vigueur. A cela, il convient d’ajouter les listes des candidats qui ont été élaborées sur la base des anciennes alliances politiques, lesquelles sont entrain de connaitre des sérieuses déformations actuellement. Toutes ces questions ont été passées au peigne fin par l’actuel président de la CENI.
Le Sous-Secrétaire Général des Nations Unies et Conseiller Spécial de Monsieur DJINNIT, Mr MODIBO TOURE, satisfaits de l’échange avec le Président de la CENI
A l’issue de la rencontre, Monsieur Modibo Tourré a déclaré à la presse que : « essentiellement nous avons eu à échanger avec le Président de la CENI sur l’état d’avancement du processus électoral. Il nous a fait l’économie générale de la situation. Nous avons eu une très bonne session et sommes satisfait car nous avons eu des informations nécessaires dont nous avions besoin ».
L’Envoyé Spécial de l’Union Européenne relève l’urgence de procéder rapidement à l’enrôlement des électeurs
Koen VERVAEKE, Envoyé Spécial de l’Union Européenne dans la région des Grands Lacs, a réagi à son tour en ces termes : « Discuter avec la CENI sur l’organisation des élections est indispensable comme la CENI est l’acteur crucial, indépendant et mandaté pour l’organisation des élections. Et nous avons parcouru en détails l’état de la question. Je crois que surtout le lancement de l’enregistrement des électeurs ou l’actualisation de la liste électorale est un élément très important et nous avons, avec le président de la CENI, échangé sur comment ceci pouvait se faire dans les meilleurs délais. Ça serait un signe fort qu’il y a une dynamique qui assure la population et les partenaires pour aller vers les élections. De notre côté, de l’Union Européenne, nous avons toujours dit que nous sommes prêt à contribuer surtout la liste électorale est un élément très important dans cette considération mais que nous voulions être rassuré du contexte politique global. Et je crois que le Président de la CENI a clairement identifié ce qui est de ses responsabilités mais aussi on a besoin qu’il y ait un consensus au niveau national et là tout le monde a une responsabilité : le Gouvernement, les Partis politiques, la société civile pour être tous déterminés pour avoir des élections apaisées et dans le respect du calendrier légal. Ce cadre légal est la constitution mais devant les difficultés qui se présentent il appartient aux congolais de fixer les options. C’est qui est important c’est que les résultats des élections soient acceptés par tous. Evidemment cela dépasse le cadre légal car cela requière aussi la volonté politique ».
La délégation des Ambassadeurs et Envoyés Spéciaux était composée de Monsieur Ibrahima Fall, Envoyé spécial de l’Union Africaine (UA) ; Koen Vervaeke, Envoyé spécial de l’Union Européenne (UE) pour les Grands Lacs ; Thomas Perriello, Envoyé spécial des USA pour les Grands Lacs ; Ray Torres, Directeur, Directeur de la Division des Affaires politiques (Monusco) ; James Gadin, Assistant spécial de M. Sidikou ; Caroline Wadhams, Délégation de l’Envoyé spécial Perriello ; Kassimbi Bamba, Délégation de l’Envoyé spécial Fall et Monsieur Modibo Touré, sous –secrétaire général des Nations Unies et Conseiller spécial de l’Envoyé spécial Djinnit.
J.N.