Une délégation composée notamment des agents du parquet général de la République, des services de renseignement et des ministères des Mines et Portefeuille est partie, renseigne-t-on, de Kinshasa pour Mbuji-Mayi dans l’espoir de faire cesser le pillage du diamant de la MIBA. Des personnes non autrement identifiées ont mis à contribution de puissantes dragues pour exploiter le centre névralgique de la MIBA, le fameux polygone, ainsi que des cours d’eau sur lesquels la minière détient des titres. Le conseil provincial des diamantaires est mis à l’index.
Le sens de la responsabilité et des affaires aura visiblement été le cadet des soucis de ceux-là qui ont tiré les ficelles dans la désignation des animateurs de la direction générale de la MIBA en remplacement quasi illicite du DG Hubert Kazadi, pourtant nommé par ordonnance présidentielle. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, la MIBA est aujourd’hui, pour résumer la ministre du Portefeuille, Louise Munga, un bateau ivre.
La ministre du Portefeuille, Munga Mesozi, n’a plus que des regrets et des coups de gueules vis-à-vis de ceux qu’elle désigne par «collège intérimaire». Munga déplore «des actions disparates auxquelles vous vous livrez actuellement» dans une correspondance leur adressée en date du 17 novembre 2015. Pendant que dans la région de Mbuji-Mayi, une certaine tendance politique fait croire à l’opinion, non sans succès, que la crise que traverse la MIBA est le résultat du peu d’intérêt porté par le gouvernement à la question. Munga déplore, elle, plutôt l’incurie et la prévarication des animateurs de la Minière de Bakwanga. «Il est impérieux, comme je vous l’ai déjà demandé à maintes reprises, d’apporter en conseil d’administration, un plan de relance réaliste en vue d’obtenir les financements nécessaires susceptibles d’assurer le développement durable de la MIBA». Comment donc l’Etat peut-il lever ne fut-ce qu’un centime pour un entreprise dont la gestion relève de la désinvolture ? Munga parle d’une «navigation à vue». Mais pour plus d’un observateur sur la situation de la MIBA, « un(e) ministre, c’est un exécutif, ça sanctionne, ça ne se plaint pas. La MIBA est entre les mains des experts en sale besogne, de faux vrais liquidateurs agissant au nom de l’Etat mais pour des intérêts tiers». A la Minière de Bakwanga, le vol des diamants par les agents semble devenir une tare, note Munga. «Il y a lieu de s’interroger à qui profite le crime ?», fonce la ministre du Portefeuille sur cette lancée toute spéculative. Pour autant, pas de sanction. Par conséquent, le mal s’enracine et gagne en ingéniosité et technicité.
Des dragues pour piller directement les diamants
Le 22 octobre 2015, ce sont les représentants des clans et sous-clans des 5 territoires et de la ville de Mbuji-Mayi qui lèvent le ton et saisissent le Chef de l’Etat et le Premier ministre par courrier : le conseil provincial des diamantaires instrumentaliserait le conseil d’administration dans la sale besogne. Voilà qui devrait orienter les missi dominici partis de Kinshasa vers le gouvernorat de la province. Près d’un mois après, Munga, tout comme son collègue des Mines, Martin Kabwelulu, se reprennent et s’en prennent sans fioriture au collège intérimaire à la direction générale de la MIBA. «Vous ne semblez pas en faire une préoccupation majeure. Vous ne m’en avez jamais fait part. Votre attitude peut être qualifiée soit de passivité, soit de complicité», déplore Munga. Kabwelulu, lui exige, en vain, à la direction générale de la MIBA, de «faire saisir toutes les dragues qui opèrent illicitement à l’intérieur des périmètres miniers de la MIBA et de traduire en justice, sans état d’âme, toutes les personnes qui sont responsables de cette exploitation illicite». Kabwelulu se montre davantage plus menaçant, «…à défaut, la MIBA, titulaire des droits et titres miniers et son équipe dirigeante dont vous faites partie, seront tenues pour responsables au premier chef de la spoliation des périmètres miniers de la société». Sans effet. C’est dans ce climat chaotique où la direction générale de la MIBA n’a que faire des injonctions de sa double tutelle que des fins limiers d’Etat sont partis de la capitale pour Mbuji-Mayi. Leur accueil par l’autorité provinciale sera déterminant pour le succès de leur mission.
POLD LEVI