Congo Airways, on le sait, ne desservira plus Mbuji-Mayi. L’un de ses deux airbus est marqué des stigmates de son atterrissage sur la piste cahoteuse de l’aéroport de Dibindi. Il est une évidence, tous les aérodromes sous gestion RVA sont aussi défectueux que les voiries urbaines gérées par l’OVD.
Partout dans le pays, il est question d’adapter les installations aux standards internationaux. La nouvelle aérogare modulaire n’est que l’arbre qui cache mal la forêt. Pourtant, la Régie des voies aériennes (RVA) dispose voilà plus de 8 ans d’un plan de modernisation des terminaux pour passagers, des aérogares, des pistes et des équipements de sécurité et de navigation aériennes. Qu’a-t-on donc fait du programme quinquennal de modernisation de la RVA ? Depuis que les experts de la Régie des voies aériennes ont fait le constat, l’état des aéroports et des pistes a peu changé. L’option de réhabilitation ou de construction des aéroports n’est pas nouvelle. Elle date de 2007, mais le financement a fait souvent défaut, explique un cadre de la Régie des voies aériennes. Sur l’ensemble du pays, les installations aéroportuaires sont disposées de manière linéaire. Ce qui laisse peu de place aux avions sur le tarmac. En plus les pistes ont pris des rides. Partout dans le pays, il est question d’adapter les installations aux standards internationaux, notamment en ce qui concerne les terminaux pour les passagers. L’aéroport international de Ndjili a innové de ce côté-là.
La RVA avait associé à la réflexion de ses experts des spécialistes internationaux pour concocter un programme quinquennal 2007-2011. Coût de la réalisation du programme : plus de 190 millions de dollars. La RVA comptait collecter 117 millions et elle lorgnait sur l’appui financier du gouvernement et des partenaires pour réaliser ce vaste programme. Le plan sur cinq ans s’articulait autour de plusieurs projets : la modernisation des aérogares, des pistes et des équipements de navigation aérienne… La priorité était accordée à 32 aéroports, dont 23 se trouvent encore dans un état de dégradation avancée. Parmi ceux-ci, il y a l’aéroport de Goma où 1300 m de la piste avaient été couverts de lave volcanique à la suite de l’éruption du volcan Nyiragongo, en janvier 2001, et les aéroports de Mbuji-Mayi et Kananga dans le Kasaï menacés par l’avancée des érosions depuis plusieurs années.
À l’aéroport de Ndjili, le projet avait ciblé les aérogares, les pistes, les équipements connexes et d’anti-incendie de la navigation arienne. Coût de l’opération : 54 millions de dollars dont environ 45 millions étaient dans le pipeline de l’Agence française de développement (AFD). Quant à l’aéroport de la Luano, à Lubumbashi, les travaux étaient évalués à plus de 13 millions. Il en fallait un peu plus, soit 14,6 millions pour l’aéroport de Bipemba à Mbuji-Mayi. La RVA avait également prévu de construire une tour de contrôle, une aérogare et une clôture de la piste à Tshikapa, ainsi que de renforcer les équipements connexes et de sûreté. Coût : 5,7 millions de dollars. Les mêmes travaux devaient être effectués à l’aérodrome de Ndolo (Kinshasa) pour un montant de 3,3 millions de dollars.
À Mbandaka, la RVA avait envisagé de construire des aérogares, des parkings, des pistes et mettre en place les équipements connexes et de sûreté pour un montant de 3,7 millions de dollars. Quant à Bukavu, elle avait prévu de se tourner vers l’ex-MONUC qui avait promis de lui trouver un partenaire. Les travaux étaient estimés à 3,6 millions de dollars. La RVA devait également recharger les pistes en terre des aéroports de Tembo, Boende et Boma pour 450 000 dollars. Pour assurer le financement de ce programme, elle avait mis sur pied une stratégie afin de récolter les ressources. C’est le Go Pass (10 dollars pour les vols domestiques et 50 dollars pour les vols internationaux). Elle devait s’autofinancer à plus de 14 millions de dollars pour réaliser en trois ans les travaux de réhabilitation des pistes de Ndjili, Luano, Tshikapa, Ndolo, Muanda et Kikwit, ainsi que de construction des aérogares de Ndolo, Kikwit et Muanda, des centres de contrôle régional et du renouvellement des équipements radioélectriques, des blocs techniques de différents aéroports.
RUTH BAKOMBA