En RD Congo, on ne peut pas encore affirmer que les relations entre Kinshasa et la mission onusienne, particulièrement le Bureau Conjoint des Nations-Unies aux Droits de l’homme (BCUNDH), soient au mieux. Fin novembre 2014, Kinshasa avait déclaré persona non grata et expulsé de son territoire, Scott Campbell, alors patron de la division des droits de l’homme de l’ONU, à la suite d’un rapport contestable relatif aux exactions des forces de l’ordre sur les populations civiles.
Un an après cet incident, le même Bureau conjoint des Nations-Unies aux droits de l’homme rend public un tissu similaire de dénonciations à sens unique. L’espace politique s’est réduit au cours des neuf premiers mois de l’année, avec la bagatelle de 143 « violations à caractère politique » (sic !), plus de 20 exécutions sommaires, des centaines de détentions arbitraires, selon le dernier rapport onusien sur la question.
Si ces dénonciations confortent les récriminations sempiternelles de l’opposition politique en RD Congo, force est de constater qu’elles font peu de cas des progrès réels accomplis et des efforts fournis, de même qu’elles passent sous silence les sacrifices subis par les agents de l’ordre en RD Congo, les désagréments des populations dont les mêmes droits de l’homme vantés sur tous les tons sont foulés au pieds par des inciviques et des bandits que les forces de l’ordre et de sécurité combattent depuis plusieurs années.
Les observateurs notent, en effet, que le rapport onusien qui fait état de 143 violations à caractère politique se garde bien d’indiquer si parmi les victimes de ces « violations » ne figurent pas des auteurs d’atteintes aux lois en vigueur en RD Congo. Compte tenu du fait que les rapports onusiens reviennent avec insistance avec une insistance suspecte, sur les événements des 19, 20, 21 janvier dernier, qu’ils condamnent, comme si le gouvernement aurait dû laisser les manifestants investir des lieux protégés par les lois en vigueur au pays comme le siège du parlement.
Des agents de l’ordre victimes des casseurs armés par les soins d’acteurs politiques de l’opposition, le rapport onusien fait l’impasse, comme si eux n’étaient pas concernés par les droits de l’homme. Ni, encore moins, des paisibles citoyens agressés, blessés, achevés à coups de machettes par des bandits communément appelés Kuluna. Selon l’entendement des enquêteurs onusiens, ces derniers auraient davantage droit à la protection que leurs victimes. C’est ici que les pilules onusiennes prescrites à coups de rapports sur la situation des droits de l’homme ont du mal à passer dans l’opinion du Congolais lambda.
Alexis Thambwe Mwamba, le ministre rd congolais de la justice, a contesté le dernier rapport du Bureau Conjoint des Nations-Unies aux Droits de l’Homme, avec quelque pertinence, en dénonçant le manque d’objectivité, les imprécisions et autres procès d’intentions. Sans compter quelques contre-vérités criardes et des accusations gratuites. Selon Thambwe Mwamba, le BCNUDH prétend avoir vérifié les informations contenues dans son dernier rapport auprès de différentes sources en même temps qu’il déclare quelques pages plus loin n’avoir pas pu tout vérifier en raison de restrictions diverses. De même qu’il se fait l’avocat de l’opposition politique, des acteurs des médias et de la société civile présentés comme des victimes sans tenir compte des obligations légales auxquelles les soumettent leurs professions respectives. Sur les 26.000 prisonniers que compte la RD Congo, 3000 relèvent des Forces armées et 1.500 de la police nationale. C’est la preuve que des efforts sont fournis pour endiguer les bavures, soutient le ministre de la justice de la RD Congo.
Les rapports onusiens apparaissent encore plus contestables lorsqu’on compare la situation des droits de l’homme sur le continent africain et dans la région des Grands Lacs. Il appert sans contexte que dans ce domaine la RD Congo est loin d’occuper le dernier, contrairement aux nombreux rapports onusiens dont beaucoup à Kinshasa doutent de leur volonté de voir la situation évoluer positivement. Une affaire de gros sous, selon des sources onusiennes qui ont requis l’anonymat. Pondre rituellement des rapports alarmants influe sur la catégorisation des pays de la planète, compartimentés en pays à risques, pays à hauts risques, et pays à très hauts risques. Les rémunérations des missionnaires onusiens prenant en compte le « risque pays » sont ainsi mieux rétribués selon qu’ils œuvrent dans des pays à risque. Prouver que la RD Congo continue à être un pays à risque rapporte donc à tous dans la galaxie onusienne. C’est du No Nkunda no Job, version droits de l’homme. Tout comme on peut trouver des versions violences sexuelles, crise alimentaire, etc, du même principe.
Les rapports onusiens, c’est aussi du noircissement professionnel et systématique.
J.N.
DROITS DE L’HOMME : Les rapports-à-noircir de la Monusco. Plus un pays est jugé à risque élevé, mieux le personnel onusien est rétribué
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