Les députés nationaux Justin Bitakwira et son collègue Steve Mbikayi, qui se réclament tous deux de l’opposition nationaliste, viennent de créer une nouvelle plate-forme : les «Forces politiques de l’opposition et de la société civile pour le dialogue et la paix », dont la sortie officielle ainsi que la signature de l’acte constitutif ont eu lieu mercredi 26 novembre dernier à l’Hôtel Venus de la Gombe. Les deux députés qui soutiennent le dialogue unissaient ainsi leurs forces pour obtenir la convocation du dialogue (objectif atteint puisque ces assises ont été convoquées par Joseph Kabila) et au-delà, un consensus national autour de toutes les questions liées à l’organisation des élections.
Dans la déclaration politique lue par Patrice Bakenda de l’opposition citoyenne, il a été rappelé que les crises politiques dans le pays se ressemblent de 1960 à nos jours, au point que la classe politique occulte l’intérêt du peuple. Le dialogue étant un héritage légué par les ancêtres pour la résolution des conflits, la déclaration a invité tous les Congolais à s’y impliquer pour la cohésion nationale dans un pays où la sécurité est précaire. La non-organisation des élections locales depuis 2006 et l’annulation de l’élection provinciale du 25 octobre 2015, a poussé Patrice Bakenda à rappeler le glissement du mandat du Sénat, des gouverneurs des provinces, des députés provinciaux. Mettant de côté la société civile, la déclaration conclut que la tripartite Majorité, opposition, Ceni ne saura pas résoudre l’actuelle crise en dehors du dialogue national. Le refus d’une frange de l’opposition politique de participer au dialogue et appelant à l’insurrection populaire est inacceptable, selon la déclaration de l’Hôtel Vénus, qui fait sien l’article 16 de la Loi portant statut de l’opposition en ses articles 4-5, qui stipule que « l’opposition doit s’abstenir de recourir à la violence comme mode d’expression et d’accès au pouvoir, et de privilégier le dialogue et la concertation sur des grandes questions d’intérêt national, dans la résolution de différends politiques pour baliser le chemin pour des élections apaisées ».
Les glisseurs crient au glissement
Dans son adresse du jour, Steve Mbikayi a indiqué que le pays n’a jamais connu des élections de la base au sommet pour plusieurs raisons, empêchant la réalisation d’un cycle électoral complet et légal. « Les plus grands glisseurs crient au glissement » a-t-il lâché, citant le cas du président du Sénat qui appelle au respect de la Constitution alors que lui-même est hors délai constitutionnel. De même que les députés provinciaux qui en appellent eux-aussi au respect de la constitution alors qu’ils continuent à parler au nom du peuple sans mandat de ce dernier. Pour Mbikayi, toutes les élections se valent, des chefs des secteurs, des administrateurs des territoires, des maires de villes non élus exerçent, eux aussi, en violation de la Constitution. Autant que les gouverneurs sans mandat dans certaines provinces, et les commissaires spéciaux dans certaines autres. Le seul cadre approprié pour se mettre d’accord autour de toutes ces inconstitutionnalités non voulues est le dialogue politique, a conclu le député Mbikayi.
Didier Okende Wetshi