Mercredi 2 décembre à Kinshasa, le ministre de la Communication et Médias et porte-parole du Gouvernement, Lambert Mende Omalanga, a animé un important point de presse. Au menu, le dialogue politique inclusif convoqué par le Président de la République, tel que vu par certaines composantes de l’opposition politique rd congolaise, mais aussi par le gouvernement de la République ; la dernière déclaration des évêques catholiques réunis au sein de la Conférence Nationale Episcopale du Congo (CENCO), que le gouvernement n’est pas loin de considérer comme un appel à manifester ; ainsi que le contentieux RD Congo / partenaires onusiens.
Le lecteur trouvera ci-après l’intégralité de la communication de Lambert Mende Omalanga.
J.N.
POINT DE PRESSE DU MINISTRE DE LA COMMUNICATION ET MÉDIAS DU 2 DÉCEMBRE 2015.
La déclaration de la frange dite « Dynamique » de l’opposition avec ses nouveaux affidés du G7 sur le Dialogue convoqué par le Chef de l’Etat devrait faire l’objet de notre réaction. Le fait est que cette déclaration excessive – donc dérisoire – qui n’est qu’une réédition de ce que ces deux groupes n’ont cessé de répéter depuis bien avant même que le Chef de l’Etat ne se résolve à convoquer ce forum n’apporte rien, absolument rien de nouveau à l’opinion.
Le fait est que contrairement à l’image alarmiste que quelques-uns s’amusent à répandre dans les médias comme pour terroriser les Congolais, la RD Congo n’est pas en crise. Le pays est gouverné avec bien sûr des défis sécuritaires et d’ordre public guère différents de ceux auxquels font face tout autre Etat de ce monde. Nous aurions apprécié que ceux qui voudraient démontrer leur amour pour leur pays y fassent aussi allusion au lieu de distraire le peuple avec des envolées mélodramatiques sur les probabilités de crise qu’ils brandissent à tort et à travers. Ils parlent d’une violation « possible » de la constitution par le Président parce qu’elle n’a pas eu lieu. Ils accusent le Président de « se préparer » à un glissement alors que le Chef de l’Etat qui est encore en plein exercice de son mandat constitutionnel pour un an au moins ne peut pas être accusé d’avoir illégalement prolongé celui-ci. Par contre, on ne les entend pas sur les vrais problèmes qui assaillent un peuple qu’ils prétendent défendre. Pas un mot même de compassion pour les 500 Congolais qui ont été tués ces derniers mois dans le Grand Nord Kivu (Beni) sous les machettes des étrangleurs ougandais et des shebbabs somaliens (24 ont encore perdu la vie cette semaine dont 7 égorgés sur leur lit de malade à l’hôpital d’Eringeti à 300 Km au Nord de Goma). Rien sur cet accident grave qui endeuille une vingtaine de familles à Goma après ce naufrage sur le Lac Kivu. Pas un mot sur l’inquiétante résurgence du banditisme urbain à Kinshasa, ceux qui se prétendent les champions du peuple ne lèvent pas le petit doigt pour encourager la PNC qui avait à un moment permis aux Kinois de dormir sur leurs deux oreilles et a été exposée pour cela à des critiques virulentes de certaines officines étrangères.
Nous nous focaliserons sur les signaux contradictoires qui sont envoyés par l’UDPS, un parti qui est à la base de l’initiative présidentielle et sur le message beaucoup plus significatif du 24 novembre 2015 de la CENCO. Avant de dire quelques mots sur le nouveau contentieux entre le gouvernement et ses partenaires des agences des Nations – Unies sur l’utilisation abusive de la main d’œuvre extérieure.
- LA POSITION DE L’UDPS/TSHISEKEDI
Nous avons pris connaissance, comme vous tous, des dernières déclarations de nos compatriotes de l’UDPS/Tshisekedi, le premier parti de l’opposition parlementaire, au sujet du Dialogue Politique Inclusif convoqué par le Chef de l’Etat. On y décèle quelques contradictions.
Cette formation politique a été la première à revendiquer la tenue d’un dialogue, et c’est à bon droit, l’idée du dialogue politique national. Le communiqué rendu public le 1er décembre 2015 par son président, M. Tshisekedi le mentionne noir sur blanc, après beaucoup d’autres qui remontent à décembre 2014 à peu près, ce que personne dans le microcosme politique national ne lui conteste, d’ailleurs. Le Président de la République, Joseph Kabila Kabange, a été à l’écoute de cette revendication d’une frange significative de son opposition politique en initiant des consultations en vue d’un tel dialogue. Cela est d’usage de plus en plus courant dans les systèmes démocratiques, compte tenu de la réalité qui veut que même si elle n’est pas au pouvoir, l’opposition n’en représente pas moins une catégorie de l’opinion nationale dont le Chef de l’Etat, garant de l’unité nationale, est tenu de prendre en compte.
Il est surprenant dès lors qu’au moment même où une suite positive est donnée à cette réclamation légitime, un cadre de ce parti se lance dans une bruyante campagne médiatique de remise en cause de l’initiative présidentielle pour des motifs assez peu rationnels.
Au point 1 du communiqué susmentionné, l’UDPS soutient que la feuille de route du parti du 14 février 2015 donne une vision du Dialogue politique, lequel « … doit être conforme aux prescrits de l’Accord-Cadre d’Addis-Abeba, lequel a été signé par 11 pays de la Région des Grands Lacs (dont Joseph Kabila pour la RDC), en présence des institutions internationales (ONU, UA et UE) … ». La question qui vient aussitôt à l’esprit est celle de savoir en quelle qualité Joseph Kabila a signé ces accords si ce n’est pas en tant que Président de la République Démocratique du Congo ? Ceux qui font semblant de lui dénier cette qualité devraient expliquer comment dix chefs d’Etats auraient signé avec un citoyen congolais lambda. Il est donc clair que le Président Joseph Kabila Kabange n’est pas simple une partie prenante au Dialogue politique national. C’est le Chef de l’Etat, Président de la République Démocratique du Congo, élu par toute la nation en 2011. C’est pourquoi c’est lui, et non un autre Congolais, qui a paraphé ce document au nom de notre pays. Il peut paraître ahurissant que des acteurs politiques de l’opposition veuillent donner l’impression d’appréhender mieux les contours de cet accord d’Addis Abeba, obtenu du reste grâce aux efforts diplomatiques entrepris sous l’égide du Président Kabila mieux que le Président Kabila lui-même.
Il n’est pas approprié d’affirmer qu’en convoquant le Dialogue politique inclusif, le Président de la République serait à la fois « juge et partie ». Le Dialogue n’est pas un tribunal et n’a pas pour fonction de juger ou condamner qui que ce soit parce qu’il ne poursuit que l’objectif de créer les conditions les meilleures pour le passage à la prochaine législature.
On peut également poser à ceux qui contestent au Président de la République le droit de convoquer le dialogue politique national la question de savoir pourquoi ils ne convoquent pas eux-mêmes s’ils en ont le moindre pouvoir.
Un cadre de l’UDPS qui tire sa légitimité de sa proximité biologique avec le Président de ce parti a reproché en outre au Chef de l’Etat de n’avoir pas fait allusion à l’alternance au pouvoir dans le texte qui convoque le dialogue politique national. Un reproche en contradiction flagrante avec le fait qu’il lui dénie le droit de convoquer le dialogue. La question est : Peut-on dans le même temps ne pas avoir le pouvoir et céder ledit pouvoir à un autre ?
Nos collègues de l’UDPS reprochent au Président de la République d’avoir établi l’ordre du jour du dialogue, chose qu’il n’a pas faite car il s’est s’est contenté d’évoquer les questions qui se posent au posent dont il assume la haute gestion et d’annoncer la mise en place d’un comité préparatoire appelé à élaborer un ordre du jour. C’est du reste ce qu’a fait, à bon escient Monsieur Etienne Tshisekedi qui au point 9 de son communiqué du 1er décembre 2015 a mentionné trois objectifs à atteindre, qui se ressemblent comme trois gouttes d’eau à ceux définis par Joseph Kabila. On peut se demander de quel droit un membre du parti de Tshisekedi interdirait au Président de la République en exercice de définir les objectifs à assigner au dialogue comme l’a fait le responsable de ce parti de l’opposition.
C’est le lieu de rappeler avec force que la République Démocratique du Congo a un président de la République élu par son peuple, pas par un parti de l’opposition, et que son mandat court jusqu’en 2016 : c’est Joseph Kabila Kabange. C’est lui et lui seul qui, conformément aux prérogatives que lui confèrent la constitution de notre pays, est habilité à prendre des initiatives visant à assurer le fonctionnement harmonieux des institutions au mieux des Intérêts Nationaux. C’est dans ce contexte qu’il faut inscrire la convocation d’un dialogue politique destiné, précisément, à préparer le passage harmonieux à la troisième mandature présidentielle d’après Sun City.
C’est également le lieu de rappeler que la République Démocratique du Congo est un Etat indépendant et souverain depuis 1960. Elle n’est soumis à aucune tutelle internationale et traite de ses questions de souveraineté comme elle l’entend. Et n’est nullement obligé de faire recours à la communauté internationale sauf si ceux qui en sont les représentants légitimes le décident librement, donc souverainement. Il ne sert donc à rien de vouloir laisser pourrir la situation politique nationale dans l’espoir que le secrétaire général des Nations Unies se substituera à ceux-ci pour désigner d’autorité on ne sait quel préposé pour gérer ses affaires sans en référer aux autorités légales de notre pays. S’il en avait le pouvoir, il l’aurait fait depuis longtemps.
- LE MESSAGE DU 24 NOVEMBRE DE LA CENCO
On a du mal à percevoir la cohérence des motivations qui guident le message des membres du bureau de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) dont les dernières prestations brillent par des contradictions flagrantes. Ils se disent partisans de la démocratie mais on les a vu s’agiter furieusement pour disqualifier une décision votée par sept congrégations sur les huit que compte la composante « confessions religieuses » de notre société civile concernant le choix du nouveau président de la Commission électorale nationale indépendante parce que l’élu n’était pas celui qu’ils soutenaient.
Les signataires de cette déclaration du bureau de la CENCO viennent encore de nous surprendre avec leur message du 24 novembre 2015 dans lequel ils donnent l’impression d’oublier que ce pays est à tous ses citoyens et qu’il n’est pas la propriété de leur congrégation. Au hasard des thèmes qu’ils ont choisi de défendre dans ce message, ils s’érigent carrément en juges constitutionnels en lieu et place des neuf sages de la Cour constitutionnelle en remettant en cause délibérément une décision prise par le Président de la République, l’élu de toute la Nation, sur proposition du Gouvernement issu de la majorité au parlement (décision) de déployer dans les 21 nouvelles provinces des Commissaires spéciaux à l’effet d’y assurer la continuité des services publics de l’Etat en attendant l’élection des gouverneurs comme l’avait pourtant ordonné la cour constitutionnelle.
Il est certes permis à tout citoyen congolais de poser la question de la conformité à la constitution ou à la loi d’une initiative de l’exécutif mais décréter de manière aussi péremptoire le caractère non conforme aux textes de cette mesure du Gouvernement comme l’ont fait les signataires de la déclaration de la CENCO, c’est ignorer qu’en droit congolais, seule la Cour Constitutionnelle est habilitée à déclarée une action conforme ou non à la constitution. Agir autrement comme ils l’ont fait, c’est vouloir plonger notre pays dans l’arbitraire et l’anarchie. S’ils ont des doutes à ce sujet, ils n’ont qu’une seule alternative : c’est de saisir la Cour constitutionnelle et laisser celle-ci dire le droit.
Le Gouvernement est préoccupé par la virulence de certains passages du message des membres du bureau de la CENCO qui, en l’espèce naviguent manifestement à contre-courant des enseignements donnés au peuple de Dieu depuis la République Centrafricaine voisine par le Pape François qui a lancé dernièrement à Bangui un émouvant appel à la paix sur base de l’éthique de la fraternité universelle des hommes, fussent-ils d’opinions différentes ou de camps adverses. Plusieurs chrétiens catholiques congolais qui savent que certains signataires de ce message avaient traversé l’Oubangui pour entendre ce message du Saint-Père y perdent leur latin.
Notre peuple devrait pouvoir compter sur ses pasteurs pour asseoir et consolider le vivre ensemble au sein de la Nation au-delà des controverses et contradictions qui émaillent d’ordinaire la cohabitation entre les composantes d’une classe politique. Le Gouvernement déplore que les signataires de la déclaration campent dans un négativisme de mauvais aloi face à l’initiative de mise en commun des intelligences pour rechercher de manière inclusive, adulte, responsable et consensuelle des solutions aux vrais problèmes qui se posent au pays n’est pas acceptable. La communauté nationale étant le bien de tous, il n’est pas admissible qu’un groupe s’arroge de la sorte le droit d’imposer ses vues aux autres en usant, quoique subtilement, de pressions et de menaces de pressions qui n’ont pas leur place en l’espèce. Ainsi, en est-il de l’annonce dans la même déclaration de la programmation d’une marche des chrétiens dans tous les diocèses le 16 février prochain, en hommage aux hommes et aux femmes qui perdirent la vie du fait de la cruelle répression du régime dictatorial de la deuxième République. Comme si les autorités qui ont en charge aujourd’hui la RD Congo pouvaient être tenues pour coupables ou responsables de cette répression, elles qui ont, au contraire, le mérite d’avoir mis un terme à ladite deuxième République. Avec un certain sens de la litote, le message des évêques évoque à ce sujet l’ouverture de l’année jubilaire de la marche des chrétiens du 16 février 1992, mais on se trouve là face à une de ces pirouettes de la communication politique ou le non-dit crève les yeux de tout observateur. Considéré sous cet angle, le message de la CENCO n’a rien d’une initiative spirituelle destinée comme l’affirment ses auteurs à « implorer la grâce de la paix et de la miséricorde sur notre pays ». Non, l’enchevêtrement, sans doute stratégique, de motivations de nature spirituelle avec une activité politique susceptible d’exacerber la violence sur fond d’un commerce politicien partisan laisse planer une suspicion légitime à l’égard de leur démarche, à tel point qu’on se demande, au regard de toutes les évocations du sang dans ce texte, si, comme c’est souvent le cas, ce n’est pas le voleur qui crie au voleur. Ou le pyromane qui crie au feu…
La quasi concomitance entre cette initiative questionnable et la saillie d’un groupe de frondeurs dont certains prélats avaient salué à tue-tête le départ de la famille politique de la Majorité tout en gardant un silence assourdissant certains parmi lesdits frondeurs furent eux-mêmes confrontés à une fronde dans leurs partis est révélateur d’une collusion peu conforme à la posture de neutralité politique que les premiers cités aiment bien afficher. Les frondeurs en question ne se sont du reste pas gênés d’annoncer ‘urbi et orbi’ leur contribution à ce message des évêques. Une bien curieuse pratique d’évangélisation qui pousse à la vigilance à l’égard de ceux qui y appellent constamment le peuple, peut-être pour mieux camoufler leurs intentions véritables.
De mauvaises langues accusent certains princes de l’Eglise auteurs du message du 24 novembre d’avoir bénéficié de la générosité de certaines officines opposées à la consolidation de la paix dans notre pays pour que, à l’instar de ce qui s’était passé en passé en 1960 avec le gouvernement de l’inoubliable Patrice Emery Lumumba, à travers une mobilisation incitative à la violence, soit planté un décor générateur de chaos justifiant le parachèvement des plans machiavéliques de confiscation de sa souveraineté à notre peuple par des forces occultes. Il y a donc intérêt pour les Congolais à ouvrir l’œil et le bon.
Que le processus électoral congolais connaisse des difficultés auxquelles il faut remédier, ce n’est un secret pour personne. C’est la raison d’être du dialogue politique national inclusif convoqué par le Président de la République qui a clairement indiqué Sa volonté d’y voir abordés les sujets y relatifs sur lesquels des «divergences profondes d’opinions apparaissent sur la scène nationale au point de menacer l’unité et la stabilité du pays», à savoir :
Le fichier électoral,
Le calendrier électoral,
La sécurisation des élections,
Le financement des élections et
Le rôle des partenaires extérieurs dans ce processus.
Les signataires du message du 24 novembre ont cru sans doute bien faire en rappelant l’article 64 de la constitution, du moins dans l’alinéa de cet article qui stipule que « tout congolais a le devoir de faire échec à tout individu ou tout groupe d’individus qui prend le pouvoir par la force ou qui l’exerce en violation des dispositions de la présente Constitution ». Dont acte. Nous nous devons de les inviter à bien relire cet article 64 de la Constitution qui a un deuxième alinéa en vertu duquel : « toute tentative de renversement du régime constitutionnel constitue une infraction imprescriptible contre la nation et l’Etat. Elle est punie conformément à la loi ». Ainsi donc, inciter les citoyens à se soulever contre le régime constitutionnel qui est en place conformément à la constitution, comme beaucoup d’apprentis sorciers ont pris l’habitude de le faire est une infraction imprescriptible, à l’instar d’un crime contre l’humanité. Le Procureur Général de la République vient de le rappeler ce jour dans des termes qui ne prêtent à aucun équivoque.
La seule voie de la paix dans la RDC d’aujourd’hui réside dans un dialogue inclusif et certainement pas dans des invectives fondées sur une lecture partielle et partiale de la constitution et des lois de la République. Aussi faut-il saluer ceux des chefs des confessions religieuses congolaises qui ont, dans un message publié le 30 novembre dernier, soutenu le dialogue politique inclusif en rappelant la mission salvatrice de l’Eglise avant de condamner fermement « tout appel, sous quelque forme que ce soit et d’où qu’il provienne, évoquant le sang et la violence comme mode d’expression en lieu et place de la promotion de la Paix, de la Concorde et de la Fraternité prônée par la Bible et le coran ».
- LE CONTENTIEUX AVEC CERTAINS PARTENAIRES DE L’ONU
Ces dernières années, les Congolais on a le sentiment que le respect de la souveraineté de notre pays est une pure figure de style chez nombre de nos partenaires institutionnels. En effet, entre les proconsuls autoproclamés qui veulent dicter un destin à leur goût à notre pays et ceux qui en revendiquent la cogestion en se substituant aux autorités mandatés par notre peuple se greffe aujourd’hui la catégorie de ceux qui foulent délibérés aux pieds les conventions internationales qui lient notre pays aux institutions qu’ils représentent.
C’est ce qui est à la base de ce que d’aucuns ont pu appeler un bras de fer entre le Gouvernement et les agences onusiennes installées dans notre pays à la suite d’un banal projet d’audit sur l’utilisation de l’expertise humaine en leur au sein.
La première chose qu’il faut dire à ce sujet est que les rapports entre la RDC et la mission des Nations Unies sont régis par un accord de siège, un accord de coopération et non de substitution de souveraineté. Suivant les clauses de cet accord, en matière de ressources humaines, les agences onusiennes doivent avoir recours à l’expertise internationale “uniquement au cas où il y a une carence au niveau national et après plusieurs tentatives infructueuses d’appel d’offres”. Il s’agit d’une question de protection de la main d’œuvre nationale qui est un devoir pour tout gouvernement digne de ce nom dans tout Etat de droit. Or il est revenu au Gouvernement qu’il existait un déséquilibre anormal et attentatoire à ce principe dans certaines agences onusiennes qui font un recours systématique à l’expertise étrangère même lorsque des compétences congolaises à même de remplir les tâches ainsi confiées à des étrangers étaient disponibles. Plus grave, compte tenu de la différence de traitement de la main d’œuvre selon qu’elle est nationale ou expatriée, cette situation entraîne une surévaluation des coûts de fonctionnement et des salaires dans les budgets alloués aux projets de développement.
Pour faire respecter ces dispositions et parvenir à une rationalisation des dépenses, le Ministre des Affaires Étrangères a souhaité réaliser un audit, c’est-à-dire dresser un état des lieux en la matière. Ce simple projet consistant à passer en revue notamment les procédures de recrutement pour rendre les contrats conformes au droit international du travail, a provoqué une levée de boucliers. Nos partenaires s’abritent derrière des immunités diplomatiques pour justifier cette violation flagrante des conventions internationales. Dans une note verbale du 23 octobre dernier, le coordonnateur résident des Nations Unies a réservé une fin de non recevoir à ce projet d’audit en invoquant la Convention sur les privilèges et les immunités qui interdit notamment toute perquisition et réquisition des biens et documents, arguant de ce qu’un tel audit, si il était effectué serait ” incompatible avec les dispositions et principes de cette Convention “. Et pourtant, et le Ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale l’a redit en des termes claires : il ne s’agit ni d’une perquisition, ni d’une réquisition et encore moins d’une contrainte qui, relèvent des procédures judiciaires.
On est en droit de poser la question de savoir pourquoi ce qui est normal et banal ailleurs devient source de querelle permanente quand il s’agit de la RDC. Dans tous les pays du monde, la protection de la main d’œuvre nationale est un principe élémentaire contenu dans le droit international coutumier.
Les Congolais sont appelés à la vigilance et ils doivent appuyer leur gouvernement afin que cet audit ait effectivement lieu. Il en va de notre crédibilité et de notre souveraineté.
Je vous remercie.
Lambert MENDE OMALANGA
Ministre de la Communication et Médias
Porte-parole du Gouvernement