L’information diffusée par nos confrères de la radio publique française, RFI, relative au retrait du contingent Fardc déployé en République Centrafricaine, n’est pas aussi anodine qu’on le croirait. La preuve : après plusieurs mois de ce qu’on peut considérer comme un mutisme de la part du porte-parole du gouvernement rd congolais, Lambert Mende est sorti de ses gonds. Jeudi 19 novembre dans l’après-midi (ce n’est pas courant non plus, les communications du porte-parole se tiennent habituellement les avant-midi), le ministre Matata de la communication et médias a animé un point de presse quasiment consacré à l’affaire de Bangui (Voir texte intégral ci-après.
Fausses allégations
Les allégations d’abus sexuels imputées aux éléments Fardc de la Minusca (mission onusienne en Centrafrique) sont faux, a démontré le porte-parole du gouvernement, avec force preuve à l’appui. Outre qu’aucune preuve n’a été apportée par la préposée au Droits de l’Homme onusienne, auteur du rapport faussement accusateur, des démentis valables en droit (déclarations volontaires des supposées victimes sur PV) existent qui démentent.
L’épisode de Bangui ne s’arrête pas à cet échange pour l’opinion publique, cependant. Des sources crédibles révèlent au Maximum que la commission de maintien de la paix de l’ONU aurait bel et bien pris l’option de ne pas renouveler le mandat du contingent rd congolais, pourtant très apprécié des Centrafricains. Les quelque 900 éléments déployés à Bambari devraient donc, en regagnant la RD Congo, laisser un vide lourd de conséquence pour Bangui.
Frontières à dégarnir
En Centrafrique, les contingents des pays africains admis à la Minusca ont été déployés conformément aux espaces frontaliers en partage. Les camerounais ont ainsi hérité de la partie du territoire centrafricain à sécuriser correspondant à la frontière camerouno-centrafricaine ; les Brazza-congolais, les rd congolais de même. Seuls les Tchadiens, dont l’implication dans le conflit de Bangui était trop importante, avaient été exclus de la Minusca. Les autres forces en présence (les Français, le Rwandais, et autres) se sont vus chargés de la sécurisation à l’intérieur du territoire centrafricain.
Le commandement militaire de l’Union Africaine qui avait conçu ce plan de déploiement entendait ainsi charger chacun des pays voisins de la RCA de la sécurisation de son propre territoire en mettant ses frontières à l’abri des débordements de la guerre civile made in Tchad.
A Bambari, le contingent Fardc était déployé opportunément à la frontière RD Congo – RCA qui s’étend sur plusieurs km dans les provinces de l’Equateur et Orientale. Il va de soi que leur relèvement dégarnirait ces endroits stratégiques. En plus du fait qu’il ouvrirait la voie aux rebelles de la Seleka tenus en respect jusque-là vers Bangui.
Complot international ?
Reste donc à savoir lequel des deux pays, la RD Congo et la RCA, payera le prix du relèvement d’un contingent dont, de l’avis de diplomates cités par nos confrères de la RFI eux-mêmes, s’est montré très efficace sur le plan sécuritaire.
J.N.
POINT DE PRESSE DU MINISTRE DE LA COMMUNICATION ET MEDIAS, PORTE-PAROLE DU GOUVERNEMENT
19 novembre 2015
Mesdames et Messieurs de la Presse,
Deux points feront l’objet de ma communication de cet après-midi
- Le chantage de certains partenaires internationaux sur la RDC au sujet du processus électoral
A en croire les propos prêtés à Madame Danae Dholakia, Envoyée Spéciale de la Grande Bretagne pour la région des Grands Lacs, et diffusés sur les antennes de RFI, cette diplomate aurait déclaré que son pays s’apprêterait à revoir sa coopération avec la RDC
- si le calendrier électoral n’était pas respecté,
- s’il y avait détérioration de la situation liée à un report des élections et
- s’il y avait une révision de la Constitution.
Si ces propos sont exacts, le gouvernement de la RDC voudrait tout d’abord marquer son étonnement face à ce qui n’est rien d’autre qu’une bien curieuse série d’anticipations négatives et obscures de la part de l’Envoyée d’un Etat partenaire sur le devenir de notre pays. Au lieu de nous dire ce que son pays peut faire pour nous, elle a perdu son temps et le nôtre à nous menacer de ne rien faire « si », « si » et « si ». Avouez que c’est une véritable bizarrerie dans les relations entre Etats.
En fait, ce qui préoccupe les Congolais à cet égard c’est de savoir ce que ce partenaire qu’est la Grande Bretagne est prêt à mettre à contribution pour soutenir le programme de développement de la démocratie participative élaborée souverainement par eux-mêmes.
De cette tribune, j’avais attiré l’attention de nos compatriotes sur l’habitude prise par la plupart de nos partenaires traditionnels de nous gaver de promesses mirobolantes qui se révèlent ‘in fine’ comme des coquilles vides car à l’approche des échéances annoncées, les sponsorings annoncés à grand renfort de publicité sont généralement balayés du revers de la main sous le couvert de conditionnalités qui semblent n’être que des alibis pour ne rien faire.
Il est permis de douter de leur volonté de faire quoi que ce soit pour ce pays même lors des premières déclinaisons de leurs promesses. Lors des élections générales de 2011, notre pays avait déjà expérimenté ce véritable passage d’une générosité proclamée puis différée et enfin retirée par des partenaires à qui finalement elle ne coûte rien. Il n’y a donc rien de nouveau dans cette attitude.
On ne le dira jamais assez : quoiqu’en pensent certains parmi nous, pour le gouvernement de la République, les élections constituent une matière de souveraineté par excellence. Par conséquent, il n’est pas question pour la RDC d’accepter des ingérences extérieures en la matière ou dans toute autre de ses affaires domestiques. Il est surtout inadmissible que sous prétexte de coopération, un chantage soit fait à notre pays sur base d’allégations et de procès d’intentions. Nous nous inscrivons en faux contre ces attitudes de maîtres chanteurs qui finissent toujours par noyer leurs fausses promesses d’appui financier au processus électoral dans des conditionnalités oiseuses et fumeuses à la limite du mépris et qui ressemblent fort à des actes de pénitence sans confession. Nous sommes conscients des turbulences financières qui secouent les économies de plusieurs Etats de la planète, y compris le nôtre. Je suis autorisé à déclarer à l’intention des uns et des autres que nous, RDC, n’en voudrons à aucun de nos partenaires d’avoir l’honnêteté et le courage de nous avouer sans faux-fuyants que sa participation financière à notre processus électoral ferait défaut. Mais nous refuserons tout chantage en la matière. Pour votre gouverne, au moment où je vous parle, malgré plusieurs annonces faites, nous n’avons pas encore vu le moindre sou vaillant des millions si généreusement promis et nous nous faisons de moins en moins d’illusions.
- Les fausses accusations contre notre contingent en République Centrafricaine
Depuis 48 heures, un média qui se veut mondial au point de s’inviter dans l’intimité des conversations entre les dirigeants de la planète a prétendu mensongèrement qu’au cours d’un entretien qu’il a eu récemment avec le Secrétaire Général de l’ONU, Ban Ki Moon, le Président de la République Démocratique du Congo, Joseph Kabila, se serait entendu signifier une décision du Conseil de sécurité de l’ONU de retirer les militaires Congolais du contingent envoyé en appui au processus de pacification de la Centrafrique pour cause de mauvaise conduite et particulièrement, de leur implication dans des faits de violences sexuelles dans ce pays.
Je saisis cette occasion pour vous informer qu’au cours de cet entretien, cette question n’a pas été abordée.
RFI a diffusé en boucle ce jeudi 19 novembre 2015, des informations d’une rare gravité relatives au contingent Fardc déployé en République Centrafricaine pour le compte de la Minusca.
Selon cette chaîne, « les militaires du Congo Kinshasa pourraient prochainement quitter la Centrafrique » car ils feraient l’objet d’accusations de viols ou d’abus sexuels ».
Le Secrétaire Général de l’ONU, Monsieur Ban Ki moon, aurait donc fait savoir au Président de la République, Joseph Kabila Kabange, qu’il serait préférable que le contingent Fardc présent en République Centrafricaine ne soit pas remplacé.
Il a été rappelé qu’au mois d’août dernier, trois éléments du contingent Fardc basé à Bambari avaient été mis en cause dans des accusations de viols. Une source diplomatique avait été citée dans la même chronique comme ayant assuré que les Fardc « … ont mené un travail exemplaire sur le plan sécuritaire » tout en faisant état de « problèmes de disciplines » et de « mauvaise conduite », ce qui est pour le moins contradictoire.
Mesdames et Messieurs de la presse,
Je tiens à dénoncer de la manière la plus formelle ce tissu d’inexactitudes contre les éléments de nos vaillantes forces armées, dans lequel la chaîne publique française semble prendre un certain plaisir.
- Je voudrais d’abord indiquer que le contingent Fardc déployé en République Centrafricaine n’est pas composé de 400 militaires. C’est un bataillon complet que notre pays a mis à la disposition de la Minusca dans ce pays. C’est-à-dire plus du double de ce nombre. Sans compter des éléments de la Police Nationale Congolaise qui sont stationnés à Bangui, la capitale de la RCA.
- Ensuite, si le Président de la République, Joseph Kabila Kabange, a bien eu un entretien avec le Secrétaire Général des Nations-Unies, Son Excellence Monsieur Ban Ki moon, il n’a jamais été question du contingent Fardc déployé en RCA dans les échanges entre les deux personnalités. Cela est archifaux.
- Les allégations relatives aux délits d’abus sexuels imputées aux Fardc sont fausses et non avérées. Des preuves existent qui le prouvent, mais que ni la RFI ni ses informateurs ne se sont donnés la peine de vérifier.
En effet, c’est une certaine dame Margaret du Bureau des Droits de l’homme de la Minusca, une collègue de M. Scott Campbell donc, qui eut maille à pâtir avec le Gouvernement congolais, qui est à la base des accusations portées contre les Fardc. Je parle des Fardc en connaissance de cause parce que personne n’a jamais été en mesure d’identifier le ou les auteurs des viols imputés aux éléments de nos forces armées. Ni la fameuse dame Margaret, qui, dans une dénonciation peu crédible n’a évoqué que des surnoms d’individus (Jackson, Rocky,…) sans plus pour permettre une identification des personnes en question. Par ailleurs, les présumées victimes des viols en question ont démenti en bloc les allégations de dame Margaret qu’aucune autre source au sein de la Minusca n’a pu corroborer auprès des 4 magistrats militaires que notre Gouvernement a dépêché en RCA à ce sujet.
Selon le rapport de cette dame, en juillet 2015, un militaire congolais nommé « Jakson », aurait reconnu devant la mère de deux jeunes femmes âgées de 18 et 19 ans, avoir eu des relations sexuelles avec une d’elles contre un montant de 250.000 FCFA (350.000 Fc) versé à leur mère. Elle a aussi affirmé qu’un certain « Guylain » Congolais aussi, aurait lui aussi reconnu les faits et proposé la somme 100.000 FCFA (140.000 Fc) pour obtenir de ne pas être dénoncé à la MINUSCA.
Chacun peut constater la légèreté de telles accusations qui ne peuvent résister à une investigation rigoureuse. Les 4 magistrats militaires ne sont pas parvenus à faire identifier par les présumées victimes lequel parmi les centaines d’éléments Fardc de Bambari se ferait appeler Jackson et qui serait Guylain, afin de mener à bien leur enquête sur les faits leur imputés. En plus du fait que des faits objectifs qui contredisent le rapport de dame Margaret existent et ont été portés à la connaissance de l’opinion et de qui de droit dans les structures de la Minusca avant même que les magistrats (un général, un Colonel et un Major de l’Auditorat Général des FARDC) n’arrivent à Bangui.
Car, conformément aux usages dans les missions de l’ONU, aussitôt saisies des allégations d’abus sexuels à l’encontre d’éléments Fardc, les autorités militaires ont diligenté une mission d’enquête conduite par le Général de Brigade Franck Molisho, le 26 août 2015. Au terme de cette mission d’une semaine, ces accusations ont été totalement démenties.
D’abord par les deux victimes supposées et par leur mère qui, selon le rapport de dame Margaret, aurait reçu de l’argent des nommés Jackson et Guylain pour ne pas porter l’affaire devant la Minusca.
En effet, les demoiselles (ZIOU RAISSA et REGONESSA Jacqueline), ont affirmé ne pas connaître Jackson et Guylain qui figurent dans le rapport très médiatisé de Madame Margaret. Elles ont même dénoncé devant les magistrats leur oncle (ami du défunt mari de leur mère), un certain Innocent ALLOUMATCHI, à qui elles reprochent d’avoir souillé leur honneur en sachant pertinemment bien qu’elles étaient fiancées.
Madame Thérèse REGONESSA, la mère des prétendues victimes, a elle aussi nié avoir reçu des offres ou des dons de soldats Fardc avec lesquels elle n’a jamais été en contact. Selon ses dires, c’est plutôt la responsable du Bureau des droits de l’homme de la Minusca qui lui avait proposé de l’argent au cas où elle confirmait les accusations portées contre les éléments du contingent Fardc.
Beaucoup d’autres témoignages de membres de famille des deux filles présentées comme victimes de viols par les fantomatiques Jackson et Guylain et de personnalités de Bambari vont dans le même sens. On peut citer ceux de Monsieur Servais Ildevert AZOUMANGUE, le président de la jeunesse chrétienne de la Wouaka et du comité de protection contre les violences sexuelles basées sur le genre, Monsieur Ahmed IyaneSow, chef de bureau de la MINUSCA à Bambari qui, en présence de Monsieur ATEBI KOKONGNON (responsable de la sécurité civile de la MINUSCA/BAMBARI) et Monsieur GUELADIO du Bureau de la MINUSCA à Bambari qui ont déploré devant nos magistrats le comportement de Dame Margaret pour non-respect de la procédure d’enquête interne d’usage en la matière.
Mais il y a encore mieux que ces regrets.
Le 21 août 2015, soit 5 jours avant l’arrivée en RCA de l’équipe du parquet militaire congolais, les deux sœurs supposées victimes de viols avaient elles-mêmes rédigé et signé des déclarations volontaires qui ont été actées par Monsieur ATEBI KONKOGNON (Sécurité Civile MINUSCA), en présence de Monsieur ANGELO (Assistant de Liaison communautaire), qui indiquent noir sur blanc qu’elles n’ont jamais été victimes de viols.
Radio Ndeke Luka de la Minusca (l’équivalent local de Radio Okapi) avait même publié un démenti le même jour, c’est-à-dire le 21 août 2015.
Ces déclarations actées sur procès-verbal des dames Thérèse REGONESSA (mère des prétendues victimes) ; Mirabelle ELIMATI (Tante paternelle), ZIOU RAISSA et REGONESSA Jacqueline (prétendues victimes), qui affirment l’inexistence des faits allégués, existent et font partie du dossier d’instruction qui est toujours en cours.
Mesdames et Messieurs de la presse,
Des éléments de nos forces armées déployées en RCA ont peut-être commis des actes répréhensibles pendant leur mission dans ce pays frère mais rien ne permet d’affirmer qu’ils se soient rendus coupables de ces abus sexuels dont RFI a fait ses choux gras ces dernières 48 heures, du moins jusqu’à preuve du contraire. Nous nous trouvons manifestement en présence d’une de ces campagnes de dénigrement de nos forces armées, dont il faut interroger les soubassements.
A ce sujet, la position du Chef de l’Etat, du Gouvernement et du Commandement est claire : tout membre du contingent cité dans une affaire de ce genre est automatiquement rapatrié pour faire l’objet de poursuites. Toute unité affectée à ce contingent est préalablement expurgée des éléments ayant eu des comportements délinquants ou criminels. Les plus hauts responsables des Nations-Unies en sont informés.
En République Centrafricaine comme dans beaucoup d’autres pays où sont déployés les Casques bleus onusiens, des allégations d’abus sexuels sont émises et les Nations-Unies mettent un point d’honneur à les documenter pour sanctionner les auteurs et ainsi prévenir ce type de comportement qui porte atteinte à son honneur. Dans le cas des troupes de la MINUSCA, de nombreuses allégations d’abus sexuels ont été émises et à chaque fois, les pays concernés ont diligenté des enquêtes et sanctionné les coupables, le cas échéant.
Récemment, au sein de la force onusienne dans notre pays, plus d’une quarantaine d’éléments d’un pays frère qui avaient eu des comportements d’indiscipline ont été rappelés par leur gouvernement. On n’a pas mis fin à la présence du contingent de ce pays frère pour autant.
On peut se demander, au cas où les mêmes allégations étaient légitimement portées contre le contingent Fardc, pourquoi c’est tout le contingent qui serait à sanctionner. Tout comme on peut se demander si les calomnies diffusées avec tant de légèreté n’ont pas pour but d’obtenir que le contingent de notre pays soit relevé de Bambari qui, il faut le dire, est presque à la frontière RCA-RDC, ce qui permet à nos troupes de sécuriser et stabiliser ainsi cette frontière. Peut-être ceci expliquerait-il cela…
Je vous remercie.
Fait à Kinshasa, le 19 novembre 2015
Lambert MENDE OMALANGA
Ministre de la Communication et Médias
Porte-parole du Gouvernement