Le parti de l’ancien conseiller spécial du Président de la République, Pierre Lumbi Okongo, n’était pas en béton, selon un de nos titres paru il y a peu. Le Maximum ne croyait pas si justement écrire en annonçant la défection d’au moins quatre députés nationaux qui reprochent à la direction du MSR d’avoir placé la charrue devant les bœufs. Le congrès convoqué il y a une dizaine de jours, organe suprême du parti comme c’est le cas un peu partout, aurait dû précéder la décision d’adhérer à l’opposition sans consultation des députés élus sur les listes de la majorité kabiliste, arguent les frondeurs. L’argument de manque de pertinence.
En fait, il apparaît aujourd’hui qu’en dénonçant l’alliance de son parti politique avec la famille joséphite au pouvoir, Pierre Lumbi a joué gros, très gros, et ne pouvait ne pas s’attendre au retour de la manivelle. Le congrès convoqué au Centre Catholique Nganda de la commune de Kintambo est passé de très près à côté d’une catastrophe démocratique. Rien moins que 8 élus nationaux étaient prêts à dénoncer la fronde contre la majorité présidentielle en termes bien sentis. Ils en ont été empêchés par une dénonciation de dernière minute. Selon les sources du Maximum, c’est la mandataire MSR dans la haute direction de la SNEL, une relation personnelle de Pierre Lumbi, qui a vendu la mèche en dernière minute, et trahi les frondeurs. Le groupe s’est vu interdire l’accès au lieu du congrès, simplement.
Fronde contre fronde
A ce jour, quatre députés nationaux et près d’une dizaine de cadres du parti qui a appartenu (?) jusque-là à Pierre Lumbi ont déserté la barque MSR. Ils ne devraient pas être les derniers parce qu’un congrès bis est en cours de préparation.
Comme si cela ne suffisait pas, Me Yoko Yakembe, un vieux roublard de l’arène politique en RD Congo depuis l’ère Mobutu, s’est invité dans l’affaire MSR. Au cours d’une conférence de presse, jeudi 12 novembre à Kinshasa, il a purement et simplement décrété l’inexistence juridique du MSR, dont il serait co-fondateur. Me Yoko rappelle que le Mouvement Social pour le Renouveau (MSR) a été créé par trois fondateurs : Guillaume Samba Kaputo, Maître Yoko Yakembe et Pierre Lumbi. C’était en prévision de l’entrée en vigueur de la nouvelle Constitution en 2005 qu’une cellule de réflexion initiée un groupe de personnes, feu le prof Samba Kaputo alors Conseiller Spécial du Chef de l’Etat, son directeur de Cabinet et Me Yoko Yakembe, le président national du Mouvement pour la Nouvelle République (MNR). Au lendemain de l’adoption de la loi interdisant aux organisations de la société civile de présenter des candidats aux élections, le MNR offrit la caution juridico-politique dont avait besoin le groupe pour compétir avec les politiques. L’agrément n° 91/0042 du 19 avril 1991 du MNR fut mis à disposition et le directoire confié à Pierre Lumbi, selon Me Yoko qui soutient que « le MNR existe juridiquement comme parti politique alors que le MSR n’est qu’une sorte d’association momentanée entre le MNR et le MS fonctionnant sous la couverture du MNR ». Mais aussi, que le MNR et le MS de Lumbi s’étaient accordés pour soutenir Joseph Kabila, contrat unilatéralement rompu par le MSR Lumbi en adhérant au G7.
Le coup de butoir de Yoko Yakembe
En réaction dit Me Yoko, les fondateurs et la majorité silencieuse demeurés fidèles au MSR réaffirment leur engagement à respecter ledit contrat moral les liant à l’Autorité morale de la MP et retirent la caution juridique prêtée au parti de Pierre Lumbi. Une alternative (?) qui prive le plus grand parti politique du G7 de personnalité juridique et suspend sur sa tête des perspectives apocalyptiques à l’approche d’importantes échéances électorales.
Vendredi 13 novembre, le MSR, tout au moins la partie du parti politique demeurée fidèle à Pierre Lumbi a livré une riposte cinglante, preuve que l’affaire est prise au sérieux ici. Le communiqué signé par un fidèle des fidèles, Simon Bolengetenge, fait subtilement valoir l’aspect démocratique du congrès du Centre Catholique Nganda, qui a réuni plus de 500 membres représentant les 26 fédérations correspondant aux 26 provinces du pays. Les participants ont réaffirmé l’adhésion au G7, écrit-il. Avant de soutenir que le MSR est un parti régulièrement constitué et agrée par le ministère compétent. Simon Bolengetenge assure qu’un procès-verbal d’assemblée générale daté de février 2006 avait dument sanctionné la modification des statuts hérités du MNR et donné naissance du MSR. Mais aussi, qu’une série de résolutions indique l’identité des dirigeants à divers niveaux du nouveau parti dont ne fait pas partie Me Yoko Yakembe. « … Aucun membre du défunt MNR n’a été retenu ni comme membre fondateur du MSR, encore moins membre de son Comité National, la liste faisant foi, et ce, pour des raisons bien connues de Me Yoko Yakembe », souligne le communiqué. Sans vraiment réussir à étouffer un réel sentiment de malaise. Pierre Lumbi et ses fidèles sont sur la défensive, un peu maladroitement.
J.N.