La date du dimanche 8 octobre 2015 est entrée dans les annales de l’histoire du football rd congolais, africain et mondial comme celle du 5ème sacre du TP Mazembe de Lubumbashi. A l’issue de la finale retour de coupe de la Ligue des champions de la Caf, les corbeaux ont confirmé leur supériorité sur les algériens de l’USM (Union Sportive de la Medina) en remportant la partie par 2 – 0 (1 – 2 au match aller).
Mais le match de dimanche dernier tiendra incontestablement quelque place dans l’histoire politique de la RD Congo, à l’instar d’un certain 4 janvier 1959, les incidents d’après-match en moins : jamais rencontre sportive n’avait attiré autant d’acteurs politiques, chacun tentant de tirer profit de l’extraordinaire ferveur populaire que les rd congolais vouent au sport roi.
A Lubumbashi se sont ainsi retrouvés des personnalités politiques comme Evariste Boshab, le premier vice-ministre en charge de l’intérieur, qui y a représenté le Président de la République. Le patron de la police nationale et des services de sécurité s’était fait précéder dans la capitale cuprifère par plus qu’une escouade sécuritaire composée, entre autres, de son directeur de cabinet, du patron de la Police Nationale Congolaise, et bien d’autres encore. L’ancien secrétaire général du PPRD et ses hommes ne sont pas allés inaugurer les chrysanthèmes au stade TP Mazembe. Ils s’y sont rendus pour s’assurer que rien de malencontreux, à l’instar d’un certain 4 janvier 1959, ne survienne : une réunion de sécurité au plus haut niveau a précédé la partie qui a couronné les Badia Nguena.
Les officiels à grand renfort
Parmi les mesures sécuritaires arrêtées, cet extraordinaire déploiement des forces de l’ordre : plus d’un millier de policiers ont assuré la sécurité extérieure du stade de Kamalondo pour un match à guichets fermés, pourtant. Plusieurs jours avant le big event, les 18.000 billets d’entrée disponibles avaient été vendus. Ne restaient plus que quelque 1000 places disponibles réservées aux invités, selon le site des Noir et Blanc. Pour tout couronner, en cette matière sécuritaire, tous les débits de boisson alentour du stade sont restés fermés dimanche dernier.
Le tout nouveau ministre des sports, Denis Kambayi, a également effectué le déplacement de Lubumbashi, après avoir « mobilisé » tout son monde, à Kinshasa et au lieu de la rencontre de la finale.
Vital Kamerhe aussi
Mais si la présence de ces officiels peut paraître naturelle à une occasion aussi solennelle, celle d’acteurs politiques de l’opposition, comme l’UNC Vital Kamerhe que de mémoire de sportif on ne se souvient avoir jamais aperçu dans les travées d’un stade football, a plutôt surpris. Arrivé à Lubumbashi 24 heures après la finale, VK s’est offert une visite on ne peut plus médiatisée chez Moïse Katumbi avant de gagner le stade TP Mazembe. Entre les deux acteurs politiques de l’opposition s’étaient par ailleurs déjà rencontrés à Londres il y a peu.
Reste Moïse Katumbi lui-même. L’homme a de toute évidence tenu à tirer 100 % de profit de l’événement. L’ancien gouverneur de l’ex. Katanga éprouvait à l’évidence le besoin urgent de redorer un blason qui ternissait à vue d’œil depuis qu’il avait lâché les rênes du pouvoir gouvernoral. Dans l’ex. Katanga, moins d’un trimestre avait suffi pour que l’opinion entreprenne de déchoir son ancien roi. A l’origine de ce virement à 90°, une vulgaire affaire de fourniture de farine de maïs aux populations démunies : l’ancien gouverneur du Katanga avait en son temps importé des centaines de tonnes de maïs vendues dans les principales agglomérations de l’ex. Katanga à quelque 16000 FC/le sac. Seulement, l’opération était assortie de la stricte interdiction d’importation du même produit alimentaire par quiconque. Katumbi parti, l’importation du maïs s’en est trouvée libéralisée, et les prix ont chuté de plus ou moins 4000 FC. Conclusion des populations : le chairman les avait escroqués.
Redorer un blason terni
Des sources à Lubumbashi rapportent au Maximum que la réputation du président du TP Mazembe s’était tellement détériorée que le 4 octobre 2015, après la victoire de son équipe sur El Merriek du Soudan en match retour des demi-finales de la Ligue des champions de la Caf, Moïse Katumbi avait pris le premier moyen venu pour se rendre en Europe via la Zambie. Le chairman a attendu la victoire des corbeaux à Alger, le 1er novembre dernier, pour regagner Lubumbashi dans le même avion que les vainqueurs. Selon toute vraisemblance, en attendant d’afficher ses couleurs politiques au sein de l’opposition, le patron du TP Mazembe entend profiter du succès du club qui lui assure une notoriété nationale et internationale confortable. Reste à savoir combien de temps dureront les effets de cet opium des foules sportives.
J.N.