Faute de revoir drastiquement ses règles de mise en œuvre d’ici quelques mois, la Cour pénale internationale de La Haye court le risque de perdre l’essentiel des Etats membres qui, en souscrivant au statut de Rome, lui donnent l’essentiel de sa substance actuelle. La plupart des puissances globales comme les USA qui poussent certains pays à lui livrer des prévenus n’ayant pas eux-mêmes ratifié le statut de Rome, c’est sur l’Afrique et les Africains que la Cour se rabat pour exercer ses compétences exorbitantes du droit des Etats membres.
Le président en exercice de l’Union africaine (UA) Robert Gabriel Mugabe, président de la République du Zimbabwe a annoncé le retrait de l’Afrique de la Cour pénale internationale (CPI) au prochain sommet de l’organisation, prévu pour le mois de juin 2016 en Afrique du Sud
En remplacement, dans le cadre d’une justice transitionnelle plus inclusive, le président zimbabwéen a fait part de son intention de proposer la création d’une Cour africaine de justice internationale des droits de l’Homme. Cette initiative est présentée comme une nouvelle transition de l’Afrique vers une instance judiciaire continentale dont la mission sera de traiter toutes les affaires criminelles concernant les pays d’Afrique actuellement soumises à la « très raciste Cour internationale de l’Europe occidentale à la CPI de La Haye, aux Pays-Bas, qui méprise le monde africain en général », selon M. Mugabe.
Cette critique contre la CPI intervient après un sérieux litige né de la prise à partie du gouvernement sud africain par la Cour après que le président soudanais El Béchir ait pu effectuer une visite d’Etat à Pretoria sans être arrêté et extradé à La Haye en exécution d’un mandat émis à son encontre par le bureau du procureur près cette cour.
L’initiative de création d’une cour africaine de justice en rupture avec la CPI fondée sur le statut de Rome que nombre d’Etats africains ont ratifié fait l’objet d’un large consensus à travers le continent. Selon le « Protocole de Malabo », le président kenyan, Uhuru Kenyatta, s’est engagé à verser un million de dollars au titre de contribution pour la mise en œuvre de cette juridiction. Les pays africains motivés à la création d’un Tribunal Continental, souhaitent « créer une institution judiciaire continentale qui offre des solutions africaines aux problèmes africains par rapport à la CPI », pour résoudre les problèmes africains même si elle doit utiliser des normes occidentales qui seront également valables lorsqu’il s’agira de résoudre les problèmes européens.
Lors du sommet extraordinaire de l’UA lié à la CPI en octobre 2013 à Addis-Abeba (Ethiopie), les chefs d’Etat et de gouvernement avaient pris la résolution qu’aucune poursuite ne devrait être engagée devant un tribunal international contre un chef d’État ou de gouvernement en exercice ou toute autre personne agissant ou habilitée à agir en cette qualité durant son mandat. Une exigence qui n’a pas fait fléchir la CPI.