Quelque 8% du budget 2016 seront consacrés au secteur agricole en RDC, foi du Premier ministre Matata Ponyo. L’Etat redonne derechef un certain intérêt aux cultures pérennes boostées par l’or vert, en fait le café…mais aussi l’or orange. Le Kongo central relance sa production.
Durant les premières semaines du mois d’octobre 2015, la tonne d’huile de palme se négociait à quelque 677,9 dollars sur les grandes places de l’Asie du Sud-Est, centre névralgique de production et de négoce de l’huile de palme raffinée. Comparée à juin 2015 (606,4 $/ t) ou à janvier 2015 (641,6 $/t), la hausse est plutôt considérable quand les cours mondiaux de toutes les matières premières sont au rabais. Hélas, l’huile de palme ne compte plus parmi les produits exportés par la RDC. La ministre du Commerce Extérieur, Néfertiti Ngudianza Bayokisa Kisula, soutient que la RDC reviendra dans le secteur de l’huilerie…mondiale. Derechef. A moyen terme.
Offre largement en dessous
L’offre, dans le secteur de l’huile de palme, est devenue largement en dessous de la demande mondiale depuis que la Malaisie a augmenté le taux d’huile de palme contenu dans le biodiesel de 5 % à 7 %, le 1er janvier2014, et l’Indonésie l’a passé de 7,5 % à 10 %. Cette consommation accrue de biodiesel va contribuer à réduire les stocks mondiaux d’huile de palme, qui devraient baisser de 9,9 à 9,1 millions de tonnes l’an.
Durant la décennie 1960, la RDC produisait autour 270.000 tonnes d’huile de palme l’an dont plus de 50% de la production (environ 170.000 t) était destiné au marché extérieur. Entre 1970 et 2000, sa production a chuté à 5.000 tonnes et a remonté en 2002, à 15.000 tonnes, puis depuis 2012 la production oscille autour de 50.000 tonnes. Pourtant, le potentiel de la RD dans ce domaine est énorme quand la demande mondiale va crescendo.
Grâce à un projet soutenu par des partenaires traditionnels de la RDC, la production locale qui, à ce jour, demeure largement inférieure à la demande interne, pourrait derechef atteindre à moyen terme le niveau d’il y a 50 ans. D’une durée de trois ans, entre août 2015 et 2018, ce projet de relance de la filière palmier à huile, fait partie du programme du Cadre intégré renforcé, CIR. Qui est en pratique une structure qui soutient la RDC, dans ses efforts d’intégration au système global du Commerce. D’après le coordonateur du CIR, M. Charles Lusanda, le projet en question vise à soutenir la production nationale d’huile de palme pour la relance du commerce international. Il sera mis sur pied grâce aux appuis financier et technique de la FAO, du PNUD, de l’USAID et l’ONUDI. La première phase du projet consiste à renforcer les capacités des petits producteurs familiaux villageois du secteur dans le bassin élaeisicole du Mayumbe, province du Kongo-Central. Coût du projet : 4.359.080 dollars américains.
Un projet prometteur ?
Il sied de préciser que le Cadre intégré renforcé n’a alloué que 2.661.080 dollars au projet. Les bénéficiaires doivent y apporter 1.461.000 dollars alors que le gouvernement r-dcongolais s’est engagé à y apporter une contribution de 237.000 dollars! Voilà qui a suscité une certaine désapprobation des experts, fin juillet 2015, devant le Vice-Premier ministre en charge des PT&NTIC, Thomas Luhaka, représentant personnel du Premier ministre, Matata Ponyo, lors du lancement du projet de relance de la culture de palmier à huile en RDC. Ce qui n’a pas toutefois empêché le représentant du Premier ministre de se féliciter que le projet n’irait pas sans créer des emplois et l’augmentation des revenus des acteurs directs de la filière. La ministre du Commerce extérieur, Néfertiti NgudianzaBayokisaKisula, a , quant à elle, déclaré que la filière palmier à huile est susceptible de rapporter des recettes d’exportation substantielles à l’économie congolaise. Pour ce faire, le gouvernement, a déclaré la ministre r-dcongolaise du Commerce extérieur compte sur l’assistance des partenaires techniques et financiers ainsi que du secteur privé afin d’impulser une nouvelle dynamique dans ce secteur et soutenir les petits producteurs d’huile de palme. « Le combat du gouvernement, c’est d’améliorer également la production et la qualité des divers produits à exporter pour une meilleure intégration au commerce mondial », a confié Mme Néfertiti.
Demande en croissance
L’huile de palme est issue de plantes à la fois la plus produite (46,6 millions de tonnes par an, soit un tiers de la production mondiale) et la plus consommée (devant l’huile de soja). Sa demande est en croissance de 3 % par an depuis trente ans, tirée par une sollicitation sans cesse grandissante. Elle y est difficilement identifiable dans la liste de composition de très nombreux produits, noyée dans les appellations « huile végétale » ou « matières grasses végétales». Ses utilisations vont à 80 % des cas à l’alimentation (margarines, plats préparés, brioches, céréales, biscuits, glaces, etc.), à 19 % à des produits non alimentaires issus de l’oléochimie (cosmétiques, savons, lubrifiants, bougies, produits pharmaceutiques, etc.) et pour le 1 % restant à la production d’un agrocarburant, le biodiesel (27 % des usages pour l’Union européenne). Mais pour cette industrie qui voit son avenir en rose, n’est pas sans épines. Il y a d’abord ces alertes de plus en plus alarmantes des professionnels de la santé quant à la nocivité d’un produit alimentaire que l’on retrouve partout mais qui se dissimule en petits caractères dans les étiquettes de composition des produits, le cholestérol. Il y a ensuite des soucis environnementaux. Forêts détruites, biodiversité affaiblie, libération de gaz à effet de serre, pollution et sols appauvris, le développement de la culture des palmiers à huile fait d’énormes dégâts surtout en Asie. Cependant en RDC, dans le Kongo central par exemple, l’exploitation de la mer verte des palmiers à huile le long de la route nationale n°1, tronçon Kinshasa-Banana, n’est guère de nature à susciter des ennuis écolos.
POLD LEVI