On en apprend chaque jour un peu plus sur l’ancien gouverneur du Katanga, tombé en disgrâce et entré en rébellion contre Kinshasa depuis quelques mois. Des informations qui attribuables à ses anciens amis de la famille politique présidentielle, sans conteste, mais aussi au commun des mortels qui n’a plus de raison de craindre la toute puissance politique et financière que Moïse a représenté durant près de 10 ans.
Un article publié au mois d’août dernier par un chercheur américain, Jason Stearns, et repris par le blog Congo Siasa, établit une liste de personnalités rd congolaises, officiels, hommes politiques ou opérateurs économiques, qui ont casqué des milliers de dollars pour s’offrir les services d’agences spécialisés en lobbying. Objectif : influencer les décideurs yankees sur l’un ou l’autre aspect de la vie publique en RD Congo. «tous veulent influencer Washington. Ceux qui dépensent le plus recherchent soit un soutien politique, soit stratégique ou tout simplement de l’aide financière pour pouvoir atteindre leurs objectifs », écrit Siasa à leur sujet.
Figurent sur ces registres du Foreign Agents Registration Act (FARA), Jeannine Mabunda. La conseillère spéciale de Joseph Kabila en matière de violences faites à la femme a casqué la bagatelle somme de 120.000 USD pour s’offrir les services de KRL International dans le cadre d’une campagne portant sur l’amélioration de l’image, ternie par les affrontements armés, de son pays en matière de violences sexuelles. Le contrat avec KRL International aura coûté 40.000 USD/mois. Il a expiré en septembre 2015 et attend un éventuel renouvellement, révèle Siasa. L’ancienne ministre en charge du Portefeuille n’en est pas à son premier coup d’essai en la matière. Alors qu’elle dirigeait ce portefeuille ministériel stratégique, Jeannine Mabunda avait déjà embauché un autre lobbyiste, Crescent Consultants pour un montant annuel de 290.000 USD.
Par un ancien conseiller en communication à la primature, Ndaywell Fay, le gouvernement rd congolais s’est, lui aussi, déjà lancé dans l’une ou l’autre campagne de lobbying aux Usa. Avec Glover Parc, notamment, chargé d’aider le gouvernement congolais dans ses relations commerciales avec le gouvernement des Etats-Unis durant un an à compter d’avril 2015. Coût du service : 540.000 USD. Mais ici s’arrête la liste des lobbyings initiés au profit de l’Etat rd congolais.
La suite de la liste reprend les noms des rd congolais qui prêchent pour leur propre chapelle. L’ancien gouv’ de l’ex. province du Katanga y occupe le haut du pavé et concurrence les pouvoirs publics depuis plusieurs années. C’est par la Société Minière du Katanga (MCK), fondée par Moïse Katumbi et gérée actuellement par Madame son épouse, que sont conclues ces affaires.
En 2013, MCK a recouru à Akin, Gump, Strauss, Hauer & Feld pour influencer l’ouverture d’un consulat américain à Lubumbashi et faire pression sur l’USAID pour l’envoi de maïs à Lubumbashi. Coût de l’opération : 350.000 USD/an. Une affaire plutôt en or pour le Gouv : des sources dans l’ex. Katanga rapportent que sur quelque 250 Trauck promis, 1500 (contenant au moins 1000 sacs de maïs chacun) sont effectivement parvenus à Lubumbashi, contre 500 à Kolwezi et Likasi. Pour écouler son maïs Usaid à 13.500 FC/sac, le gouv a décrété l’embargo sur le maïs Zambien, beaucoup moins cher, révèle-t-on aujourd’hui.
Selon les archives de Foreing Agents Registration Act, le lobbyiste n’a cependant eu qu’une réunion pour le compte de MCK dans la seconde moitié de l’année 2013, avec le président de la commission des affaires étrangères à la chambre des représentants, Ed Royce. Toutes les autres réunions initiées pour le compte de MCK ont porté non pas sur du maïs mais sur le processus électoral, plus précisément sur la présidentielle rd congolaise, selon la même source. En 2015, le contrat a été renouvelé et les lobbyistes revendiquent la bagatelle de 240 réunions, des courriels et des appels téléphoniques avec divers responsables sur … les élections présidentielles. « MCD pousse à l’action les Etats Unis pour garantir la sortie de Kabila en 2016 », affirme Jason Stearns.
Par le passé, d’autres rd congolais ont recouru aux services de lobbyistes yankees. Des candidats à la présidentielle, particulièrement : Jean-Paul Moka, Nzanga Mobutu, Oscar Kashala.
J.N.