Le troisième patron de l’administration électorale congolaise ne sera donc pas un clergyman. Ainsi en ont décidé les confessions religieuses officiellement reconnues en RD Congo, qui ont désigné, mercredi 21 octobre 2015, un laïc comme successeur de l’Abbé Apollinaire Malumalu à la tête de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI). Il s’agit de Corneille Nangaa Yobeluo, qui, selon Mgr Milenge Mwenelwata de l’Eglise du Christ au Congo (ECC), a été choisi en raison de ses aptitudes techniques et de sa probité morale. Ce natif de Bagboya en territoire de Wamba (Haut-Uélé) occupait déjà les fonctions de secrétaire exécutif national adjoint (SENA) à la CENI. Les religieux ont manifestement préféré un enfant de la maison électorale au candidat de l’église catholique, Léon Botolo Ma Goza, ci-devant président des chrétiens catholiques que l’on dit très proche du Cardinal Laurent Monsengwo Pasinya.
La Ceni sera dirigée par un homme peu connu de l’opinion à Kinshasa et sur l’ensemble du territoire national. Mais Corneille Yobeluo Nangaa est tout sauf un blanc bec en matière électorale, selon des sources interrogées jeudi 22 octobre par Le Maximum. C’est depuis deux ans, en septembre 2013, que l’Abbé Apollinaire Muholongu Malumalu en personne avait fait venir à la Commission cet expert ès Démocratie et Gouvernance, renforcement de capacités, assistance technique aux organes de Gestions des élections, suivi-évaluation et gestion des opérations électorales. Lorsqu’il rejoint la CENI, Corneille Nangaa traîne derrière lui quelques 13 ans d’expérience en matière d’élections, au niveau international notamment. En effet, le plus que probable président du bureau de la CENI est directeur des programmes à l’Ecole de Formation Electorale en Afrique Centrale « EFEAC », expert facilitateur BRIDGE (Building Resources In Democracy, Governance and Elections) depuis 2010. En Côte d’Ivoire, au Niger, au Gabon, en Guinée, au Ghana, au Kenya, au Burundi, au Cameroun et Madagascar, Corneille Nangaa a été consultant international et a travaillé dans le domaine de l’assistance technique électorale en qualité d’expert avec la Fondation Internationale pour les Systèmes Electoraux (IFES), l’Institut International pour la Démocratie et l’Assistance Electorale (IDEA), ainsi que le programme des Nations-Unies pour le Développement (PNUD).
Il reste que le patron nominé de l’administration électorale rd congolaise n’aura pas la tâche facile. Aussitôt sa désignation de par les confessions religieuses décidée, mercredi, au Centre interdiocésain de Kinshasa Gombe, l’hôte de la réunion, l’Eglise catholique, s’est comme désistée après coup, sous le prétexte que le choix semblait avoir été décidé en amont. Comme s’il pouvait en être autrement en pareil cas. Depuis plusieurs jours, les confessions religieuses y sont allées chacune avec un candidat de son choix. Si les catholiques prêchaient en faveur de Léon Botolo Ma Goza, les églises dites de réveil étaient partagées entre la candidature des Pasteurs Ngalasi et Fernando Couthino, alors que le nom de Mgr Marini Bodho, ancien président du Sénat de la transition était avancé chez les protestants. Un compromis entre les uns et les autres était donc manifestement la seule solution possible, chacun devant y laisser des plumes. Ce compromis est intervenu avec la proposition de l’expert Corneille Yeboluo Nangaa, sans doute en dehors des catholiques. Mais aucune disposition légale n’interdit une telle pratique.
Pour la suite, la nomination formelle du nouveau président de la CENI passera d’abord par une prise d’acte formelle par la plénière de l’Assemblée nationale. Après, interviendra l’investiture de l’intéressé par une ordonnance du Président de la République.
J.N.