Plusieurs sirènes de mauvais augure avaient annoncé le déluge après la sortie du G7 de la Majorité Présidentielle. Tous les événements politiques connus depuis lors ont montré le contraire. En effet, après la fronde signée G7 au sien de la majorité présidentielle, deux événements ont permis de prendre le pouls de la majorité présidentielle (MP) et donc, du leadership du président de la République sur sa famille politique. D’abord la rencontre de Kingakati le dimanche 11 octobre 2015 qui a vu 315 députés et 47 sénateurs se réunir autour de Joseph Kabila, autorité morale de la MP, en vue d’exprimer leur allégeance à son leadership.
Le deuxième événement avait plus encore valeur de test pour la majorité présidentielle. Il s’agit des élections intervenues mardi 6 et samedi 17 octobre 2015, des successeurs de Modeste Mutinga Mutuishayi qui avait présenté sa démission du poste de rapporteur du Sénat et de Charles Mwando Simba et Ezadri Enguma des postes de 1er vice président et rapporteur de l’Assemblée Nationale, du fait de leur départ volontaire de la famille politique de la MP.
Ce premier vote eut pour vainqueur le sénateur Flore Musendu Flungu au poste de rapporteur du sénat qui avait été pointé comme le choix de la MP, signe que la consigne de Président de la République, Joseph Kabila Kabange, continue de déterminer l’expression des suffrages pourtant à bulletin secret dans la chambre haute du Parlement. Ce choix qui avait permis à Musendu de rafler la mise dès le premier tour constituait déjà une certification de la fidélité des membres de la Majorité Présidentielle au Sénat à leur autorité morale malgré les pronostics pessimistes qui annonçaient un séisme dans la Majorité Présidentielle à la suite de la défenestration du groupe des sept partis qui avaient adressé une lettre de trop au Président de la République, chef de la Majorité Présidentielle, l’accusant faussement de bloquer le processus démocratique en RDC.
Samedi 17 octobre 2015, la chambre basse du parlement, avait été conviée à procéder au remplacement de Mwando Simba au poste de 1er vice-président et celui de l’honorable Ezadri Eguma au poste de rapporteur. A l’un comme à l’autre poste, il y a eu des challengers qui n’étaient pas des moindres. Mais, comme toutes les autres fois, le mot d’ordre du Président a été déterminant pour les résultats du vote bien que à scrutin secret. Ainsi l’honorable Floribert Luhonge a-t-il remporté l’élection au poste de 1er Vice-Président de l’Assemblée Nationale avec 271 voix contre 169 pour son challenger Henri-Thomas Lokondo, sur 442 suffrages exprimés dont trois bulletins nuls. Soit une victoire largement écrasante et nullement discutable.
Pour sa part, l’honorable Nono Berocan Keraure, député élu de Mahagi dans l’Ituri sur la liste de la Convention des Congolais Unis (CCU) de Lambert Mende Omalanga, a pulvérisé tous les records en conquérant le poste de rapporteur de l’Assemblée Nationale avec 335 voix contre 94 exprimées en faveur de sa rivale Espérance Musafiri (indépendante affiliée à la MP).
Floribert Luhonge et Nono Berocan ayant bénéficié de l’appui de l’autorité morale de la Majorité Présidentielle clairement exprimé à ses membres, il n’est donc pas possible d’en douter, le Président Kabila conserve et maîtrise sa majorité dans les deux chambres du parlement.
Curieusement, ceux qui promettaient des surprises à la majorité, notamment la correspondante à Kinshasa de RFI, Léa Lisa Westerhof, qui avait, avec une certaine délectation, ameuté les auditeurs de cette chaine sur une prétendue redistribution des cartes au parlement avec le basculement de plus de 80 députés dans l’opposition se sont gardés de commenter ces résultats qui ont infirmé leurs prévisions. Un député de l’opposition, Jean-Claude Mvuemba, a affirmé pour justifier ce résultat que la famille politique du chef de l’Etat RD congolais « n’avait pas voté en toute liberté ». Il en voulait pour preuve le fait que ses collègues de la majorité avaient respecté « le principe du mot d’ordre » alors qu’en réalité le vote des membres de la chambre basse a été fait en âme et conscience.
Qu’on le veuille ou non, la réalité indéniable est qu’en RD Congo la Majorité présidentielle a bel et bien passé l’épreuve douloureuse de la défection du G7. Le navire MP se porte bien malgré les assauts de ses pourfendeurs. La cohésion de ses membres prouve que ceux qui comptaient sur des reniements successifs en son sein se sont largement trompés.
B.B.