Un vent favorable vient de faire parvenir aux rédactions du Maximum la dernière correspondance d’Etienne Tshisekedi via les évêques de la CENCO au Président Joseph Kabila. Dans cette lettre datée du 16 janvier 2017, le défunt leader de l’UDPS qui campait toujours sur sa position de ne désigner qu’un nom au lieu de trois comme l’exigeaient les délégués de la Majorité Présidentielle aux discussions directes du Centre Interdiocésain, a promis au sujet de la désignation du Premier Ministre, Chef du Gouvernement, émanant du Rassemblement, d’ « … envoyer, pour nomination au moment opportun, le nom de la personne que j’aurai choisie conformément à la disposition pertinente de l’accord du 31 décembre 2016 en son point III. 3.3. Soyez rassuré que mon choix devra certainement tenir compte de l’expertise et l’expérience de la personne qui sera habilitée à conduire la nation dans un climat de fraternité conformes à tout Etat de droit ». Rien de plus donc, du vivant du ‘lider maximo’.
Dans l’affaire de la désormais célèbre « lettre-testament d’Etienne Tshisekedi », qui désignerait son rejeton, Félix Antoine Tshilombo Tshisekedi pour l’investiture par le Président de la République en qualité de Premier ministre du gouvernement d’union nationale pour le compte du RasOp (Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement), cela sentait le faux et l’usurpation à mille lieux à la ronde. Autant qu’une sorte de menace sourde et terrifiante à l’encontre de quiconque s’élèverait contre une évidence qui crève les yeux, et peu ont osé.
Raphaël Soriano Katebe Katoto, contemporain et compagnon d’affaires politiques du « Vieux », lui, n’a pas observé le moindre mutisme sur la question qui terrorise les habitués de la 10ème rue, Limete. Sans mettre des gants, il a déclaré que non seulement Etienne Tshisekedi n’avait jamais eu l’intention de désigner son fils, mais en plus, il a encouragé la candidature de son « vieil ami » aux mêmes fonctions de Premier ministre, a-t-il révélé à nos confrères de Radio Top Congo, peu avant de débarquer à Kinshasa. Et de se faire promptement « suspendre » en guise de sanction par des apparatchiks accrochés aux basques de « l’héritier » pour arracher des strapontins que leur poids politique réel ne leur permettait pas d’espérer. Mais, intraitable, Raphaël Katebe a débarqué à Kinshasa à la première occasion, sous le prétexte de répondre à une convocation de la plateforme Alternative pour la République (AR), une composante mineure du RasOp.
Sur ce registre d’acteurs politiques qui ont osé, l’homme d’affaires katangais et demi-frère de Moïse Katumbi Chapwe, le parrain et financier du RasOp, Katebe Katoto ne côtoie que Bruno Tshibala, un des fidèles de la première heure parmi les compagnons de lutte du ‘lider maximo’ de l’UDPS, dont on peut retrouver une dénonciation furtive de l’arnaque dans la presse kinoise : Etienne Tshisekedi aurait, selon un tabloïd local, porté son choix sur lui pour les fonctions de Premier ministre du gouvernement d’union nationale, avait déclaré Bruno Tshibala sans ambages avant que l’affaire ne prenne une tournure résolument complotiste.
Pressions pour fermer les yeux
Depuis, de toutes parts jaillissent des pressions pour décourager tout regard peu ou prou critique autour de la désignation du Premier ministre issu du RasOp et de sa nomination « urgente et sans délai » par Joseph Kabila avant même la conclusion de l’arrangement particulier y relatif prévu pourtant par l’accord du 31 décembre. Le Conseil de sécurité presse les parties prenantes aux discussions de la CENCO de boucler le dossier de la signature de l’arrangement particulier. Sans autre forme de procès, de préférence. Trop beau pour être vrai, dans le landerneau politique de la RD Congo. Parce qu’à l’UDPS, tous ne semblent pas disposés à avaler la pilule « Félix Tshilombo Tshisekedi Premier ministre de la RDC ».
Cette affaire devrait, assez vite, se transformer en une bombe dans l’arène politique rd congolaise et, particulièrement, dans le parti politique légué par E. Tshisekedi à la postérité, l’UDPS. Des sources au sein de cette formation politique ont fait part aux rédactions du Maximum de l’existence d’au moins deux messages d’un haut cadre du parti tshisekediste adressé à un prélat de la CENCO. Elles révèlent, sans états d’âmes, une vérité que tous s’évertuent à étouffer : Etienne Tshisekedi wa Mulumba qui, en dépit de son caractère emporté, avait une très haute idée de l’Etat, n’a jamais voulu de son fils Félix Tshilombo aux fonctions de Premier ministre du gouvernement d’union nationale. Motif du « Vieux », entre autres, le défaut d’expérience en matière de gestion des responsabilités publiques de son rejeton. A sa place, le sphinx de Limété préférait d’autres personnalités dont Valentin Mubake Nombi Kamwanya, l’ingénieur civil de formation qui l’accompagne comme son ombre dans sa lutte politique depuis les années de la Conférence Nationale Souveraine (CNS) sous le Maréchal Mobutu, ou encore, le juriste Bruno Tshibala, un autre fidèle parmi les plus fidèles de ses fidèles lieutenants, qui avait été embastillé pour avoir organisé les manifestations sanglantes de septembre dernier au cours desquelles des jeunes casseurs proches de la 10ème rue, Limete avait provoqué moult dégâts. Il n’avait dû d’être relaxé que grâce à la « décrispation » sollicitée avec insistance par l’opposition dans le cadre des récentes négociations politiques.
Dernières volontés trafiquées
Seulement, ces dernières volontés du vieil opposant rd congolais se heurtent à une double muraille dans son cercle intime, dressée par son épouse, et mère de Félix Tshisekedi, renforcée par une sorte de cordon familial régentée par… des hommes de Dieu hors de tout soupçon de ce fait : l’abbé Tshilumba, ci-devant secrétaire particulier du patriarche et l’ancien évêque catholique du diocèse de Mweka, l’octogénaire Monseigneur Gérard Mulumba, frère cadet d’Etienne Tshisekedi qui vient d’être retraité par décision du Vatican. Les deux rideaux ont en commun leur engagement en faveur de l’ascension, fulgurante et inconditionnelle, de Félix Tshilombo Tshisekedi, la seule susceptible d’assurer la famille biologique du défunt des retombées sonnantes et trébuchantes de la « longue lutte politique » menée par Etienne Tshisekedi.
Le Maximum a pu savoir ainsi qu’un ordre formel d’Etienne Tshisekedi, désignant formellement Valentin Mubake en qualité de chef de la délégation du RasOp aux négociations directes facilitées par la CENCO, avait carrément été dévoyée par les soins de l’Abbé Tshilumba, avec la complicité intéressée des délégués du G7 (Groupe des 7 partis politiques transfuges de la Majorité présidentielle) et de l’AR, qui lui ont préféré le jeune Félix, plus malléable selon leur point de vue. Valentin Mubake, tshisekediste devant l’Eternel, pouvant se révéler un obstacle pour les ambitions présidentielles du mentor des deux plateformes, Moïse Katumbi Chapwe. L’ «objectif Félix Premier ministre », c’est « mettre du biffteck plein la bouche du « petit » pour brider les caciques de l’UDPS parti politique ayant pignon sur rue, de lorgner par la suite sur le top job envié par Moïse Katumbi », soupçonnent nombre de cadres udpésiens qui s’en sont ouverts à des prélats de la CENCO, avant de se livrer, furieux et désespérés, au Maximum.
Un des responsables de l’UDPS dit avoir évoqué avec ses interlocuteurs de l’épiscopat congolais l’épineuse question de la nature exacte de la fameuse lettre-testament que feu Etienne Tshisekedi aurait adressée au Président de la République Joseph Kabila. Plus justement, des flous aveuglants qui entourent sa rédaction, sa transmission et la crédibilité des révélations diverses qui s’en sont suivies il y a quelques jours. A l’UDPS, beaucoup sont d’avis que la mise au point tardive de la CENCO relative à ce « mystère épistolaire » traîne plus de brouillards que d’éclaircies : il n’y a aucune certitude que le courrier désignant prétendument Fatshi comme seul candidat Premier ministre testamentaire soit la véritable missive écrite par le sphinx de Limete. Le cadre de l’UDPS qui s’est confié à nos rédactions relève qu’il est curieux que ce soit l’abbé Tshilumba et l’ex. flic national Pierre Lumbi aient été préférés pour cette mission.
« La vraie lettre » dans les réseaux sociaux
D’autant plus qu’une correspondance datée du 16 janvier 2016 adressée au Président Kabila par l’homme fort disparu de l’UDPS, qu’un bon vent a emmené au Maximum tard dans la soirée du 27 février 2017, manifestement authentique celle-là, est fort révélatrice des états d’âme d’Etienne Tshisekedi quelques jours avant son décès en Belgique. Le défunt y fait état, tout en maintenant sa position de ne présenter qu’un seul nom (au lieu des 3 proposés par la Majorité Présidentielle) prend en bon juriste en considération le fait de « la poursuite des négociations en cours » avant de promettre au président Joseph Kabila, qu’il appelle très civilement dans son courrier « Excellence Monsieur le Président de la République, Cher Fils » de « vous envoyer, pour nomination, au moment opportun et par le même canal, le nom de la personne que j’aurai choisie, conformément à la disposition pertinente de l’accord du 31 décembre 2016, en son point III. 3.3. » Avant d’ajouter : «Soyez rassuré que mon choix devra certainement tenir compte de l’expertise et l’expérience de la personne qui sera habilitée à conduire la nation dans un climat de fraternité et d’unité conformes à tout Etat de droit ».
Naturellement, le document intitulé « La première et dernière lettre d’Etienne Tshisekedi à Joseph Kabila », largement diffusé dans les réseaux sociaux depuis lundi dans la soirée, est attaqué et contesté. Par les mêmes qui vantent l’autre, plus mystérieuse mais non exempte de soupçons de faux, elle aussi (fac similé ci-contre).
On se perdait en effet en conjectures sur les raisons qui auraient poussé un acteur politique aussi averti et aussi collé à la « culture des textes et des engagements » qu’Etienne Tshisekedi à se permettre, quel qu’ait pu être son opinion sur la procédure de désignation d’un Premier ministre, de le faire si abruptement, avant que les négociations sur l’arrangement particulier, partie intégrante de l’accord de la Saint Sylvestre, dont il était tenu informé au jour le jour, n’aient abouti ?
Faux et faussaires ?
Ce n’est pas tout. Autre immense brouillard de nature à égarer tout humain, les évêques de la CENCO avaient rencontré Etienne Tshisekedi le 23 février 2017, soit bien après la transmission du « courrier testament désignant un Premier Ministre » par le Révérend Tshilumba et M. Pierre Lumbi. Le premier sujet de cette rencontre aurait donc dû consister à s’assurer que le pli reçu provenait bien de l’interlocuteur en face de leurs excellences ! Mais la mise au point lue par l’Abbé Nshole, porte-parole de l’épiscopat, à l’intention de l’opinion ne fait aucune allusion à quelque précision que ce soit qui aurait été reçue par les évêques du défunt président du Conseil des sages du RasOp à ce sujet.
A l’UDPS post Tshisekedi, le ras-le-bol gagne et devrait gagner de plus en plus d’esprits. Certains qui se confient à nos rédactions rappellent, gênés, que le faux et son usage sont des pratiques courantes au sein du parti de la 10ème rue depuis des lustres : surtout lorsqu’il s’agit d’utiliser le nom du ‘lider maximo’ ; d’imiter sa signature sur divers documents pour s’accorder avantages et privilèges ou éliminer des adversaires ou des rivaux. « Les fausses lettres ont toujours été confectionnées à l’avantage d’une et même personne : Félix Tshilombo Tshisekedi », dénoncent nos interlocuteurs. Qui balancent, à l’appui de cette dénonciation, une série de lettres référencée, notamment 001/UDPS/PP/05 et 002/UDPS/PP/05 du 28 janvier 2015, par lesquelles les représentants de l’UDPS au BENELUX, Adophe Mbuyi, et au Canada, Claude Kiringa Iluju, adversaires de Fatshi, ont été évincés de leurs fonctions respectives sans autre forme de procès. Mais comme dans tout crime, tout n’est pas parfait. Les correspondances incriminées pèchent par un mensonge qui crève les yeux : elles ont été « signées à Kinshasa » alors qu’au moment de leur rédaction, leur auteur présumé, Etienne Tshisekedi, avait séjourné à Bruxelles de manière ininterrompue du 16 août 2014 pour des soins médicaux jusqu’à son retour en juillet 2016. Atteste encore plus de cet usage de faux, une décision prétendument prise par le même Etienne Tshisekedi quelques jours avant les deux correspondances incriminées (132/UDPS/PP/14 du 17 décembre 2014), qui elle contient bien la mention « fait à Bruxelles », lieu où résidait effectivement le président du parti. « Il y a bien eu faux et usage de faux. Si on ne sait pas trop bien qui en est l’auteur, on sait par contre avec précision qui en fut le bénéficiaire : Félix Tshilombo Tshisekedi », accusent les interlocuteurs du Maximum. Pour qui la conclusion coule comme de source : « De là à croire qu’il y a également faux et usage de faux avec cette prétendue lettre qu’aurait signée Etienne Tshisekedi pour le désigner unique candidat Premier ministre du Rassemblement pour la période préélectorale et électorale au nom du Rassemblement avant même la signature de l’arrangement particulier portant mécanisme de désignation du Premier ministre faisant partie intégrante de l’accord du 31 décembre, il n’y a qu’un pas vite franchi lorsqu’on voit le forcing auquel s’adonne l’homme depuis la disparition du chef du parti comme s’il n’avait pas d’attaches filiales avec l’illustre disparu », selon ces sources.
Félix Tshisekedi Premier ministre ? A l’UDPS, tous ne sont pas pour, à l’évidence. Même si ils la ferment, terrorisés par les menaces de « combattants » chauffés à blanc.
J.N.
lettre Tshisekedi