Lendemains électoraux peu enchanteurs en RD Congo. Dans la nuit du dimanche 21 au lundi 22 octobre 2018, les deux porte-voix de la famille politique de Joseph Kabila ont échappé à deux attentats perpétrés presqu’aux mêmes heures. Et n’ont eu la vie sauve qu’au hasard des circonstances et, plus vraisemblablement, à la fébrilité des assaillants.
Dans un quartier huppé de la commune de la Gombe à Kinshasa, deux motocyclistes ont été aperçus dimanche autour de 00 h 00 locales, qui s’enquéraient de l’adresse du ministre de la Communication et Médias, également porte-parole du gouvernement, Lambert Mende Omalanga. La sentinelle du voisin du ministre, flairant un coup fourré, assure aux deux curieux ne pas connaître le n° exact de la résidence privée ministérielle. Et les deux lascars s’en vont. Pas pour longtemps, puisque qu’une demie-heure plus tard à peu près, le silence de ce quartier peu fréquenté est interrompu par le vrombissement d’une voiture de type communément appelé ketch, de couleur grise. Arrivée plus ou moins à la hauteur de la résidence Mende, deux gaillards en jaillissent, porteur d’un lance-grenades, qu’ils actionnent aussitôt avant de regagner la voiture et de filer à toute allure. Ils ont eu le temps de larguer deux grenades offensives sur la parcelle d’un voisin du ministre, où elle atterrit au parking, ne causant que des dégâts mineurs, heureusement.
Presqu’au même moment à l’autre bout de la ville dans la commune de Ngaliema, des assaillants venus à bord d’une voiture de même type, muni d’une lance grenade de type militaire, visent et atteignent la résidence d’André Alain Atundu Liongo. Ici, pas de loupé. Les lieux sont connus et les torpilles endommagent notamment la toiture de la maison qui abrite le logis Alain Atundu. Les assaillants peuvent ensuite prendre le large. Comme ils étaient venus.
Alertés, les services des renseignements de la Police Nationale Congolaise et des Forces Armées de la RD Congo engagent les enquêtes appropriées. Lundi 22 octobre 2018 en fin d’après-midi, des sources crédibles rapportent au Maximum que le véhicule des « visiteurs » indésirables d’Alain Atundu Liongo aurait été formellement identifié, que la police est à leurs trousses. Les services du Général Sylvano Kasongo avaient flairé des problèmes sécuritaires. Samedi et dimanche derniers à Kinshasa, un contrôle de véhicules auto-moteurs a été instauré sur certaines artères de la capitale. « Contrôle de routine », s’était défendu Sylvano Kasongo, interrogé par la presse. Les attentats de fin de semaine révèlent que l’officier général en savait plus qu’il n’avait voulu le confier, et avait anticipé.
Jusque lundi 22 octobre 2018 au moment où Le Maximum mettait sous presse tard dans la soirée, il régnait comme un complot de silence à Kinshasa. Même si l’information sur l’attentat contre les porte-voix de la famille politique de Joseph Kabila étaient sur toutes les lèvres. Habituellement fort loquaces lorsqu’il s’agit d’atteintes aux droits et libertés d’acteurs de l’opposition politique, les prétendues Ong de défense et de protection des droits de l’homme demeuraient désespérément muettes. L’Acaj, la Vsv, et tutti quanti semblaient n’avoir rien appris d’assauts à la grenade qui, s’ils avaient atteint leurs buts, auraient sûrement provoqué mort d’homme et mis Kinshasa et le pays sens dessus-dessous. Droits humains à sens unique ne RD Congo ?
J.N.